BRUCE LAMONT


Sans limites...


Bruce Lamont est un vrai passionné. Le genre de type pour qui la musique est si vitale, si intense, qu'elle doit être extériorisée sous différentes formes. Que ce soit avec l'extrême violence que prend parfois Yakuza entre deux plages jazzy délicates, les banlieues industrielles et froides que peint Circle Of Animals (son projet avec Sanford Parker, soit l'autre musicien le plus actif de la scène US), les classiques revisités dans Led Zeppelin 2, le tout nouveau projet Bloodiest à paraître chez Relapse, il vit pour la musique. Malgré un planning surchargé, il a trouvé le temps de sortir un premier album solo… Et de nous accorder un petit entretien.  

Interview également parue dans le Metal Obs' 46 de Mars / Avril 2011

Entretien avec Bruce Lamont, par Gilles Der Kaiser
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J’imaginais qu'un album solo de Bruce Lamont sonnerait dans son ensemble comme le morceau « 2 And Then The 3 », soit du saxophone, des parties Jazz, une guitare acoustique... Mais la majorité de l'album m'a passablement surpris : il mélange énormément de styles. Comment as-tu structuré tout ça pour que ce soit aussi cohérent ?
Quand j'ai commencé à travailler en solo, je ne cherchais pas vraiment à créer un album intégralement bâti autour du saxophone. J'avais des idées tournant autour de plusieurs styles différents, des musiques électroniques à l'Americana. Le fait de rapidement jouer live m'a poussé à être spontané et à laisser les choses se faire naturellement. Après une bonne dizaine de concerts, j'ai commencé à avoir des idées un peu plus claires sur la direction à prendre. Mon intérêt pour la musique est très varié et du coup, j'ai concentré différentes choses. Sur les sept chansons, les quatre dernières ont été enregistrées en 2007, et les trois premières en 2010. Si tu écoutes les dernières, chacune est très différente de la suivante, c’était le but. Lorsque je suis retourné en studio en 2010, l'objectif était de faire quelque chose qui était un peu plus cohérent, avec davantage de liens entre les morceaux.

Quand tu as commencé à composer les morceaux pour Feral, pensais-tu qu'ils finiraient sur un album solo ?
Non, pas du tout. J'ai juste essayé des trucs en live. Il y a d'ailleurs certaines choses que je pensais injecter dans Yakuza. Plus ça se construisait, plus j'ai pris conscience que pour ces titres je me sentais à l'aise pour tout faire moi-même. J'ai donc continué dans cette idée-là et suis allé en studio pour voir ce qui allait se passer. Voilà pour les quatre premiers morceaux. J'ai aimé la direction que prenaient les choses. Je sentais toutefois que ce n'était pas encore complet pour un long format, donc je suis retourné en studio avec d'autres idées.

Il y a des plans assez extrêmes sur ton album. Je pense notamment à la fin de « Deconstructing Self-Destruction ». J'adore la manière dont le morceau se termine ultra-violemment et est suivi par un titre acoustique très calme (« 2 And Then The 3 »). Comment t'est venue l'idée d'une telle transition ?
Quand je composais « Deconstructing Self-Destruction », je cherchais à mettre en place une dynamique vraiment extrême. A ce moment-là, « 2 And Then The 3 » était déjà complètement terminée. En studio, on s'amusait avec des loops et l'avant-dernier morceau de l'album devenait de plus en plus violent, rêche et on s'est dit que de le terminer de manière très abrupte serait intéressant. On voulait ensuite entrer directement dans quelque chose d'acoustique. Je faisais ça live aussi, en fait.

BRUCE LAMONT

Et qu'en est-t-il du titre d'ouverture ? 12 minutes d'emblée, ça peut être un peu casse-gueule !
J'avais écrit le riff principal à la guitare acoustique et j'ai commencé à construire autour. Je disposais aussi d'une partie au saxophone pour ce titre. J'ai donc travaillé avec ça, sans prévoir qu'au final, elle ferait 12 minutes. Mais il y a une histoire derrière cette chanson. Je lisais un livre sur une nation auto-proclamée indépendante à l'intérieur des Etats-Unis, appelé la République de Lakota. Il s'agit d'Amérindiens cherchant à récupérer des terres perdues dans un traité de 1865. Leur combat m'a beaucoup touché. J'aime ce qu'ils proposent, ils veulent leur propre nation. Ils ont tout prévu, en termes d'énergie par exemple. Ce sont des gens de la terre et ça m'a toujours attiré, j'ai un grand respect pour eux. J'ai survolé ces terres l'année dernière et je me suis senti inspiré. C'est donc mon petit hommage à leur République. Ce n’est pas vraiment mon genre d'écrire sur des choses aussi précises, d’habitude c’est beaucoup plus ouvert à l'interprétation.

J'ai trouvé que l'artwork se liait étrangement avec les ambiances que tu crées sur ton disque.
Ça fait maintenant des années que je suis un fan des travaux de Seldon Hunt. On est potes et on a discuté de quelques concepts. J'adore tout particulièrement ses photographies de paysages, habituellement prises la nuit. Il m'a donc proposé quelques idées et celle-là a directement retenu mon attention. J’ai adoré : ça me semblait être une bonne combinaison avec ce qu'il y aurait derrière, musicalement.

Tu va jouer avec Yakuza au Roadburn cette année. Quelque chose de spécial est-il prévu ?
Oui, mais ça va être une surprise ! On est vraiment heureux de pouvoir venir cette année, c'était frustrant l'année passée avec le volcan...  Ce sera la première date de Yakuza en Europe en 11 ans d'existence, donc on est vraiment très excités. On est en train de voir pour faire quelques dates entre le Roadburn et l'Asymmetry Festival en Pologne. Je ne sais pas si on passera par la France, mais après l'Asymmetry je continue en solo et là je passerai par la France.


BRUCE LAMONT - Feral Songs For The Epic Decline
At A Loss Records


Myspace : www.myspace.com/brucelamont