OBSCURA

Les surdoués de l‘extrême...


Dire que l’on attendait à s’en ronger les médiators l’arrivée du troisième opus des Allemands d’Obscura aurait été un doux euphémisme. Suite à leur révélation sur la scène européenne puis mondiale avec l’excellent Cosmogenesis en 2009, la réédition de leur premier essai, Retribution, nous avait permis de prendre notre mal en patience l’an dernier et nous avions également pu les voir au Hellfest. Ces nouveaux et talentueux génies façonnent le Death Metal progressif de demain, avec un son moderne et une vision personnelle, alliant technicité et feeling. La parole à présent à leur batteur-poulpe, toujours disposé à répondre à nos questions.

Interview également parue dans le Metal Obs' 46 de Mars / Avril 2011

Entretien avec Hannes Grossman (batterie) – Par Seigneur Fred & Sophiecat
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On s’était rencontré, mon cher Hannes, au Hellfest en 2010 alors que vous veniez tout juste de jouer sous la Rock Hard Tent. Malgré quelques petits problèmes techniques, ce fut une bonne expérience pour vous ?
Je ne me rappelle pas de ces problèmes techniques, mais je pense que le show était excellent ! C’était sous un très grand chapiteau et il y avait quelques milliers de personne. C’était blindé ! En gros, c’était un super festival, très bien organisé avec beaucoup de groupes formidables. Nous avons joué le samedi, le jour où il y a eu de grands groupes ou artistes de Métal tels que Nevermore, Annihilator, Slash et d’autres. C’était génial !

Votre bassiste, Jeroen Paul Thesseling, était absent au Hellfest justement car il tournait avec son groupe Pestilence au même moment. Est-il de retour pour de bon dans Obscura à présent, en studio et en live ?
La proposition du festival s’est faite assez tard et la tournée américaine de Pestilence était prévue des mois avant. On ne s’attendait pas à cette offre du Hellfest mais nous n’avons pas voulu la manquer. Et dans Pestilence, les gars ont tous des métiers à plein temps. Ils n’ont pas souvent l’occasion de tourner et on ne voulait vraiment pas qu’ils annulent à cause de cela. Il s’est passé la même chose pour la tournée au Japon, qui s’est décidée au dernier moment. Jeroen est notre bassiste actuel et Pestilence est son deuxième groupe mais ils ne tournent pas souvent. C’est pareil pour moi et Blotted Science. Toutes les dates d’Obscura passent avant mais dans certains cas on ne veut pas passer pour des enfoirés, ah ah ! (rires) Sur le nouvel album, Jeroen a utilisé sa basse à six cordes et a écrit de superbes partitions. C’est ce qu’il a fait de mieux jusqu’à présent !

L’année dernière, votre premier album Retribution a été réédité chez Relapse Records et remasterisé. C’était une bonne idée car il était difficile de le trouver mais cela provenait-il d’une initiative de votre label ou bien du groupe afin de profiter des retombées économiques suite au succès de Cosmogenesis ?
C’était notre idée. Il y a tout une histoire derrière Cosmogenesis et Steffen s’était beaucoup investi pour Retribution à l’époque alors nous avons pensé que c’était du gâchis de laisser cet album dans l’ombre. Retribution est une des raisons pour laquelle j’ai rejoint Obscura et nous allons jouer le morceau « Nothing » dans les tournées à venir. Nous ne faisons pas les choses simplement pour l’argent ! Nous pensons que l’aspect artistique est plus important que l’aspect commercial car c’est ce qui reste en fin de compte.

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Vous avez beaucoup tourné en 2009 et 2010, notamment aux Etats-Unis comme première partie puis en tête d’affiche. Vous avez aussi joué en Europe et au Japon. Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs ?
Nous avons tourné deux fois aux Etats-Unis comme support pour Cannibal Corpse et pour Black Dahlia Murder. Les deux tournées furent excellentes. Souvent, les USA sont mieux pour nous car la majorité des fans sont enthousiastes. Les seuls pays d’Europe où les réactions sont les mêmes sont la France et l’Italie. Mais le Japon est le meilleur pays pour les concerts ! Mais c’était aussi très spécial car notre bassiste de remplacement était Steve Di Giorgio, un excellent bassiste et un super pote. De plus, nos amis de Triptykon ont fait cette tournée japonaise avec nous, ce fut donc une tournée parfaite pour nous.

Comment vous sentiez-vous avant de travailler et d’enregistrer ce troisième album studio Omnivium ? Vous avez pu composer pendant vos tournées ?
Oui, nous avons beaucoup composé en tournée. Mais nous n’avons pas eu la chance de faire une démo pour l’enregistrement donc rien n’était vraiment prêt pour Omnivium. La première fois que nous avons joué les morceaux, c’était en studio. Nous sommes très fiers de l’album mais le produire a été stressant, surtout car nous n’avions pas beaucoup de temps en dehors des tournées. Mais la prochaine fois, nous ferons moins de tournée et plus de répétitions. Mais bon, on dit ça à chaque fois !!! (rires)

Pourquoi avoir choisi de nouveau les studios Woodshed en Bavière où vous avez déjà enregistré Cosmogenesis ? On dirait que c’est le meilleur studio allemand en ce moment…
C’est le studio parfait pour nous et V. Santura (NDLR : Dark Fortress, Triptykon, Non Euclid…) sait exactement ce que nous faisons. Il connaît le son que l’on recherche et lui donne du contenu. V. Santura est d’ailleurs lui-même un super compositeur, il sait donc comment doit sonner une chanson. Je recommande ce studio à tous les groupes !

Sur Cosmogenesis, V. Santura chantait sur plusieurs morceaux en tant qu’invité. A-t’il eu le même rôle sur Omnivium cette fois-ci ? Je trouve sa présence plus prononcée sur le nouveau disque, comme par exemple sur le septième titre intitulé « Velocity » qui est particulièrement sombre et sonne comme du Black Metal, comme du Dark Fortress en quelque sorte…
Il ne chante pas du tout sur le nouvel album. « Velocity » a été écrit et composé entièrement par notre guitariste/chanteur Steffen Kummerer. Il aime le Black Metal et il est très influencé par les groupes sombres et occultes. Ce morceau constitue donc une autre facette d’Obscura. Nous avons beaucoup d’autres possibilités pour notre son. Nous sommes très variés. Mais V. Santura est plus un producteur qu’un ingénieur du son pour nous, son rôle principal est d’allier nos idées avec un son qui leur conviennent. Il n’écrit pas ou ne joue pas pour nous. Néanmoins son rôle reste important.

Omnivium semble encore plus progressif et plus sombre donc, il y a plus de contraste. Comment tu le comparerais par rapport à Cosmogenesis ? Quelles sont les différences principales selon toi ?
Je suis d’accord avec toi. La différence majeure réside dans la production. Pour Cosmogenesis, l’enregistrement était très spontané, rien n’était planifié et nous voulions vraiment faire un album avec cette vibration propre aux albums de Death Metal progressif du début des années 90. Pour Omnivium, notre envie était différente. On voulait créer quelque chose de nouveau et y apporter davantage notre propre son pour en faire un disque progressif avec des éléments de genres différents. Les deux albums sonnent comme du Obscura mais Omnivium possède une nouvelle approche. Et le prochain sonnera peut-être encore différemment.

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Vous êtes-vous préparés techniquement pour cet album ou cela s’est fait naturellement ? As-tu eu des problèmes pour jouer certaines parties de batterie quand tu les as composées avec les autres ?
On s’entraîne à mort ! C’est l’enregistrement le plus difficile que j’ai fait. Mais j’aime les défis. La bonne chose, c’est que je suis libre de jouer ce que je veux.

Cosmogenesis était la première partie d’un concept de quatre albums. Quel est le thème d’Omnivium ?
C’est très difficile. C’est un sujet très ouvert et philosophique qui peut être interprété de différentes façons. En gros, ça parle des grandes questions de la vie comme la véracité d’une existence divine et ce qui vient après la mort. Mais c’est juste une façon d’interpréter les paroles. Par exemple, le titre « Omnivium » est un mot nouveau qui pourrait dire « tout et rien » ou « tout contre rien ». C’est quelque chose qui décrit une chose immense qui est petite à la fois. Le morceau « Vortex Omnivium » parle d’un énorme tourbillon noir ou quelque chose comme ça. Donc si tu imagines un énorme tourbillon noir qui est tout et rien à la fois, qui pourrait-il être ? Un synonyme de Dieu ? Ou de Satan. Tout dépend de celui qui écoute ou de ce que tu visualises à travers notre musique.

Est-ce facile pour chacun d’entre vous de vous exprimer dans le groupe quand vous êtes en studio, en répétition, ou bien vos side-projects sont nécessaires pour ne pas vous limiter artistiquement ?
Nous ne nous limitons d’aucune façon. La seule limite c’est que nous n’avons que deux guitaristes, un bassiste et un batteur (rires). Les morceaux doivent donc aller avec ces instruments. Mais nous avons d’autres projets où figurent les goûts personnels de chacun. Je joue donc dans Blotted Science car j’adore la musique instrumentale. Chris joue dans Spawn Of Possession et Steffen fait du Black Metal avec son groupe Thulcandra. Et Jeroen est dans Pestilence. Nous aimons faire de la musique avant tout.

Maintenant, si je dis qu’Obscura est d’après moi le Dream Theater du Death Metal contemporain, es-tu d’accord ?
Ouahou ! Merci ! Je prends ça comme un compliment. Les trois premiers Dream Theater sont mes albums préférés et Images And Words a eu beaucoup d’influence sur moi. Notre vision de la musique a beaucoup de similarités avec celle de Dream Theater. Ils voulaient mêler le Rock progressif comme Rush (mon groupe préféré !) mais avec de la musique Heavy comme Metallica, Maiden, et Slayer. Nous essayons aussi différentes choses mais nous allons plus du côté extrême du Métal !

As-tu écouté Jupiter, le nouvel album d’Atheist ? Ce groupe culte doit être une influence old school pour Obscura, je présume ?
Oui et je l’adore ! Leur album est bien mieux qu’Elements paru en 1993. C’est plus une superbe suite à Unquestionable Presence. Atheist a été une influence pour Cosmogenesis mais pas trop sur le dernier album.

Quels sont les groupes qui vous inspirent encore aujourd’hui ?
Cela varie selon les membres. J’adore encore les grands groupes comme Rush, Iron Maiden, Dream Theater, Emperor, Symphony X, Morbid Angel, Dissection, et plein d’autres. Tous les membres du groupe aiment Death et Symphony X. Mais nous aimons aussi d’autres trucs comme Allan Holdsworth, par exemple.


OBSCURA – Omnivium
Relapse Records / PIAS


Myspace : www.myspace.com/realmofobscura