YEAR OF NO LIGHT


Voyage au bout du jour...


Dur dur de retranscrire avec des mots ce que Year Of No Light transmet avec de la musique. Groupe d'exception, YONL revenait il y a quelques mois avec Ausserwelt, un album incroyablement riche, dense et aux profondeurs abyssales. Le temps nécessaire à apprivoiser la bête fut relativement long, mais là, on ne veut plus s'en détacher. Discussion avec Johan, avant un double set au Roadburn et quelques sorties réjouissantes… 

Interview également parue dans le Metal Obs' 46 de Mars / Avril 2011

Entretien avec Johan, par Gilles Der Kaiser
Rechercher : dans l'interview
Pour être honnête, au moment de le chroniquer, j’ai trouvé Ausserwelt très difficile à comprendre, peinant à lui trouver un fil rouge. Cette volonté d'aller vers quelque chose de moins évident s'est-elle dessinée dès le départ ?
Oui et non. Il n'y a pas vraiment de fil rouge. Les morceaux sont les quatre premiers à avoir été composés. Il y en avait même un petit peu plus, mais ce sont les quatre qui étaient terminés au moment d'enregistrer. Après, la façon d'enchaîner, c'est venu pendant le mix. C'est comme pour l'album précédent en un sens, on a passé pas mal de temps à réfléchir comment agencer tout ça :  des petites nappes pour lier les morceaux, qui sont d'ailleurs différentes sur le vinyle et sur le CD.

C'est un tout petit détail de geek, mais il y a des larsens dans Perspéphone I qui sont vraiment splendides. Vous inscrivez ça dans la mélodie au lieu de faire du bruit comme beaucoup de groupes de post-Core lambda. Est-ce que vous vouliez activement vous détacher de cette scène ?
Oui, oui, c'est clairement quelque chose que l'on ne revendique pas. On ne se sent vraiment pas proches d'une scène en particulier. On peut très bien jouer dans des concerts de Metal extrême ou avec des groupes qui n'ont vraiment rien à voir avec le Metal, style post-Rock. Le dernier concert qu'on a fait était avec Gorgoroth, mais on s'est aussi retrouvé avec des groupes comme 65daysofstatic. Au sein du groupe, je pense qu'on a une grosse culture musicale : on a tous écouté beaucoup de musiques différentes, que ce soit du gothique, du Metal, de la musique électronique, des musiques expérimentales, de la Noise, du Hardcore, et on se retrouve tous dans Year Of No Light avec une musique lourde et lente.

Avec Ausserwelt, j'ai l'impression que vous avez gravi pas mal d'échelons, comme pour devenir un groupe au statut européen et non plus seulement un groupe français. Je pense par exemple au split sur Translation Loss, au Roadburn, à votre signature chez Conspiracy…
Oui, peut-être, mais je pense que c'est une évolution normale. Au début du groupe, on jouait quasiment toutes les trois semaines à Bordeaux et au bout d'un moment on s'est dit qu'au lieu de prendre le temps pour faire ça, on pourrait aller jouer en dehors et voir ce qui se passe ailleurs. Après, on va là où les gens veulent bien nous faire jouer. Je ne sais pas si c'est une évidence, mais c'est beaucoup plus simple de jouer à l'étranger qu'en France, en tous cas pour notre style de musique. Il y a dix ans, c'était assez simple en France, il y avait des scènes et des réseaux un peu structurés. Aujourd'hui -  je ne sais pas si c'est l'effet crise musicale - la plupart des lieux autogérés et des petites salles ont fermé et les grosses salles se retrouvent plutôt à faire de la gestion pour minimiser les risques.

De nombreuses chroniques décrivent Ausserwelt comme étant très sombre, mais dans le fond, je l'ai trouvé très lumineux, comme une sorte d'ode à la vie, un hommage aux grands penseurs que vous citez souvent dans les interviews, comme Léon Bloy ou Michel Foucault.
Je le ressens aussi comme ça. C'est marrant, parce qu'il y a des gens qui voient ça comme de la musique dépressive, mais quand on nous connait bien, on sait que c'est loin d'être le cas, même si chacun a ses névroses.

Avec Ausserwelt, vous disiez vouloir  inviter l'auditeur à l'introspection, à quelque chose de presque mystique en somme. Tu vois ça comme une manière d'affirmer un désaccord avec la superficialité ambiante ?
Oui, pourquoi pas. Mais Ausserwelt est plutôt conçu comme étant un voyage, sans le côté réac'.

 YEAR OF NO LIGHT

Vous allez aussi faire quelques dates avec votre projet Vampyr. Comment est-il né ?
L'idée vient de quelqu'un qui programmait une salle à Bordeaux et qui gérait ce genre de projet une fois par an. Il nous a proposé une première année mais on n'était pas disponibles. Par contre, l’année dernière, on a accepté. On a passé plusieurs mois à choisir le film qui serait retenu, pour des contraintes de droits, de public potentiel, et aussi d'intérêt au sein du groupe. On a fini par tous tomber d'accord sur Vampyr de Carl Theodor Dreyer.

Le cinéma est aussi une grosse source d'inspiration pour le groupe ?
Oui, et pour certains encore plus que d'autres. Un de nos batteurs est actuellement en train d'écrire son premier film et il réalise des documentaires et des moyen-métrages.

Vous n'êtes pas en train d'élaborer un projet de court-métrage autour du titre Hiérophante ?
C'est en effet un projet sur lequel on travaille actuellement. Une première partie du tournage a été réalisée en janvier (toutes les scènes en intérieur) et la deuxième partie se fera au mois de mars. Justement, c'est notre batteur qui est à l'origine du projet. On n'aime pas les clips, c'est quelque chose que je trouve très souvent sans intérêt…

… Surtout pour un morceau de 13-14 minutes !
Exactement. Du coup, on l'a envisagé plutôt comme un court-métrage. On a lancé une souscription sur le site Babeldoor.com afin de récolter quelques sous pour pouvoir mener à bien le projet. En échange, on offre un CD avec un morceau qu'on avait fait l'année passée pour une performance, des sérigraphies, différentes choses. Il y a les informations sur notre site internet.


YEAR OF NO LIGHT - Ausserwelt
Conspiracy Records


Site : yearofnolight.free.fr

Myspace : www.myspace.com/yearofnolight