SYMFONIA

Carré V.I.P.


André Matos (ex-Angra) au chant, Timo Tolkki (ex-Stratovarius) à la guitare, Mikko Härkin (ex-Sonata Arctica) aux claviers, Jari Kainulainen (ex-Evergrey) à la basse et Uli Kusch (ex-Helloween) à la batterie… Avouez que, sur le papier, ce line-up a de quoi faire fantasmer tout fan de Metal mélodique qui se respecte. Si « In Paradisium » montre bien évidemment un super-groupe en pleine possession de ses moyens techniques, la prise de risque, elle, est quasi-inexistante. A l’image de la pochette et de son graphisme, la musique de Timo Tolkki ne s’éloigne jamais trop du Stratovarius d’antan. Testons donc la motivation de Mr. Matos pour ce nouveau projet bicéphale qui semble ne pas mettre en danger sa carrière solo.   

Interview également parue dans le Metal Obs' 47 de Mai / Juin 2011

Entretien avec André Matos (chant) par Jean-Christophe Baugé
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Le line-up de Symfonia fait tourner bien des têtes. Comment as-tu été amené à travailler avec Timo Tolkki ?
J’avais déjà rencontré tous les membres du groupe au cours de mes tournées précédentes. Je connais Timo depuis 12 ans, ça remonte à la tournée commune Angra / Stratovarius en Europe. On est devenu amis, sans forcément alors élaborer de plans pour de futures collaborations. Puis j’ai quitté le Brésil il y a 3 ans pour venir m’installer en Suède, donc à côté de la Finlande. C’est là que Timo m’a passé un coup de fil car il y voyait plus qu’une coïncidence. Il a proposé qu’on se voie pour discuter, mais aussi pour commencer à écrire ensemble. L’idée m’a immédiatement séduit car Timo est aussi un musicien que j’admire. Comme j’avais un peu de temps libre devant moi, je suis allé passer une semaine à Helsinki en avril 2010 pour composer avec lui. On n’avait pas encore conscience de l’importance du projet à ce stade et on pensait juste louer les services de quelques musiciens pour l’enregistrement, voilà tout. Puis au fur et à mesure que les morceaux ont pris forme, il devenait clair qu’il fallait voir les choses en plus grand et bâtir un line-up digne de ce nom. En à peine un an, l’enthousiasme aidant, on est arrivé à composer, former un groupe solide, décrocher un deal discographique, superviser la production… Et aujourd’hui, l’album est là.

Comment vous êtes-vous répartis les rôles pour les compos ?
Nous avons travaillé en étroite collaboration pour les textes et la musique, de telle sorte qu’il est très difficile de dire qui a composé quoi. C’est pour cette raison que nous avons cosigné tous les titres : c’est vraiment du 50 / 50 André Matos / Timo Tolkki.

Tu composes toujours aux claviers ?
Oui, au synthé ou au piano, car je ne joue pas de guitare.

Qui a trouvé le nom du groupe ?
C’est Timo. En fait, il avait tout prévu dès le départ : le nom, ainsi que le logo. Quand il me l’a montré, j’ai tout de suite accroché car il est très représentatif du style pratiqué.

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La fleur de lys sur le dessus ne déroutera pas les fans de Stratovarius…
Tu n’es pas le premier à me faire la remarque, mais Stratovarius a expurgé son logo de ce symbole depuis le départ de Timo. Timo ne m’a rien imposé mais a fait valoir que ce symbole l’avait suivi dans toute sa carrière. Je suis OK avec ça, ça n’a rien de vaniteux et en plus, ça colle avec notre musique.

L’album a-t-il été enregistré dans le propre studio de Timo (Goldenworks Mixing Suite) ?
Non, on a utilisé 4 studios réputés pour leurs compétences spécifiques : un pour la batterie, un pour les guitares et la basse, un pour les claviers, et un pour le chant. On en a même utilisé un cinquième pour le mix. Enregistrer dans 3 pays différents s’est révélé être une bonne décision car le résultat est fidèle à nos attentes.

Quels sont tes chansons préférées ?
Sans hésiter : la dernière, « Don’t Let Me Go ». C’est une chanson qui repose sur la voix et les instruments acoustiques. C’est la plus difficile à chanter, non pas d’un point de vue technique, mais au niveau de l’émotion à transmettre. J’ai dû attendre le bon moment pour l’enregistrer : je n’ai pu la passer qu’à la troisième ou la quatrième prise. J’aime bien aussi « In Paradisium », « Come By The Hills », « Rhapsody In Black » et « I Walk In Neon ».

Comment s’est déroulée la première prestation live du groupe au Finnish Metal Expo d’Helsinki, le 18 février dernier ?
Ce n’était pas gagné d’avance car on jouait devant un public de pros là-bas: des musiciens, des producteurs, des patrons de labels, des journalistes, etc. En montant sur scène, j’étais certain de n’obtenir aucun retour de la part de ces spectateurs. On devait donner tout ce qu’on avait pour montrer qu’on était plus qu’un groupe de studio. Mais à la fin du set, tout le monde a demandé un rappel. Ça a été aussi plaisant qu’inattendu.

Est-que Symfonia enterre définitivement Revolution Renaissance (le dernier groupe de Timo) et met ta carrière solo entre parenthèses ?
Timo avait déjà mis un terme à Revolution Renaissance avant. Quant à moi, ma carrière solo continue, je l’ai juste mise en veille pendant l’enregistrement et la production d’In Paradisium. Le 1er mai, je m’envole pour le Brésil car j’ai quelques shows à assurer avec mon propre groupe qui est toujours actif. On doit d’ailleurs discuter de mon prochain album. On jouera également en Europe. Il n’y a pas de gros bouleversements à l’horizon, si ce n’est que j’ai désormais deux priorités à gérer. Il s’agit juste de bien concilier les emplois du temps.

Comment a marché ton dernier album solo, Mentalize (2009) ?
J’ai eu d’excellents retours dans la presse et de la part du public. Mentalize nous a permis de tourner intensément. Les fans ont bien compris la direction que je voulais prendre avec cet album et m’ont suivi. En cela, il a joué un rôle clé dans ma carrière.

A part Timo, quels sont tes guitaristes préférés ?
Au risque de te surprendre, je vais te citer mes 2 producteurs qui se sont révélés être d’excellents guitaristes : Roy Z (NDLR : Time To Be Free, 2007) et  Sascha Paeth (Mentalize). J’ai donc eu la chance de travailler avec 3 musiciens complets.

Je note que tu n’as pas évoqué Kiko Loureiro et Rafael Bittencourt. As-tu jeté une oreille au dernier Angra (Aqua, 2010), et si oui, qu’en penses-tu ?
Honnêtement, je n’ai pas eu l’occasion de tomber dessus et je ne l’ai pas écouté. Ça n’excite pas ma curiosité plus que ça. Je n’en suis pas au point de guetter ce qu’ils sortent sur internet.

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Symfonia va faire son premier show en France dans le cadre du festival Sonisphere, le 8 juillet à Amnéville. Que penses-tu des autres groupes à l’affiche : le Big 4, Slipknot, Dream Theater… ?
J’ai hâte de voir jouer Dream Theater avec son nouveau batteur. Je suis assez fan de James LaBrie. J’attends de voir également Metallica et Megadeth. En tout cas, c’est un très gros festival pour vous en France et on est fier d’être à l’affiche. Ce sera notre toute première date européenne : l’excitation est à son comble !

Au vu du comportement erratique de Timo dans le passé (méga-dépression nerveuse, déclarations douteuses dans la presse et engueulades en tous genres… Jusqu’au split de Stratoviarius en 2004), ne craignais-tu pas de travailler avec lui ? Est-il au mieux de sa forme aujourd’hui ?
Je peux t’assurer qu’il n’y a absolument aucun problème. Tu sais, on a beaucoup en commun et on se comprend. On a traversé les mêmes moments de doutes dans le passé. Ce qui différencie Timo des autres, c’est qu’il est très ouvert, très honnête. Il ne dissimule pas ses problèmes. Il parle sans ambages, et c’est un peu pour ça que notre amitié est si solide.

Quelles sont les meilleurs et les pires souvenirs de ta carrière ?
La question n’est pas si simple… Le meilleur moment de ma carrière ? C’est lorsque j’ai décroché le rôle principal dans l’opéra-Rock Tommy, des Who, au Brésil. Je jouais Tommy Walker, soutenu par le chœur et l’orchestre symphonique de São Paulo… Un moment assurément très spécial ! Il n’y a eu que 3 représentations (NDLR : du 16 au 18 juin 2006 au Latin American Memorial), mais elles ont demandé 2 mois de répétitions. Les pires moments, ce sont ceux où tu te rends compte que plus rien ne va avec tes collègues musiciens, et qu’il te faut prendre de douloureuses décisions pour pouvoir rebondir. Mais démarrer un nouveau cycle et aborder de nouveaux challenges te file alors une pêche incroyable.

André, je te laisse conclure…
J’étais en France la semaine dernière, et vous me manquez déjà (rires). On prépare une tournée en bonne et due forme après le Sonisphere, vers la fin de l’année. Je ne m’estimerai satisfait que lorsqu’on aura réussi à caser 6 ou 7 dates chez vous. J’ai hâte de retrouver tous mes vieux fans.


SYMFONIA - In Paradisium
Edel / Wagram


Site : www.symfonia.fi

Myspace : www.myspace.com/symfoniamusic