Interview FORGOTTEN TOMB Juillet 2011

Herr Morbid, comment te sens-tu alors que le nouvel album vient juste de sortir ?
Bien ! On n’a rien sorti depuis 4 ans. En fait, on a sorti la compilation Vol 5 : 1999-2009, mais c’est un double album assez particulier. Il s’agissait d’enregistrements live d’anciens titres retravaillés. Il ne contenait qu’un seul nouveau morceau. Under Saturn Retrograde représente donc la suite de Negative Megalomania et on est impatients de découvrir la réaction des fans et des médias. Comme toutes nos sorties, il a nécessité pas mal de boulot et une somme incroyable de stress. J’en suis extrêmement fier mais je suis tout de même content d’en avoir fini. J’ai comme le sentiment du devoir accompli, je vais pouvoir me reposer un peu et penser à la suite.

Ce qui me plaît particulièrement, c’est la facilité avec laquelle vous avez mélangé le son Metal extrême avec des sonorités très catchy.
C’est un sacré compliment que tu me fais là. J’ai du réécrire la plupart des chansons 2 ou 3 fois avant d’obtenir ces versions finales. Le résultat me satisfait pleinement, car il reprend le côté Metal extrême comme tu dis, avec des sonorités Dark Wave accrocheuses plus old-school et un côté Rock N’ Roll groovy. Si tu arrives à faire un mélange homogène sans vendre ton âme, alors le pari est gagné.

Tu sembles aussi avoir passé pas mal de temps à doser chaque élément, comme ce chant clair qui est rare mais très travaillé.
Effectivement, tout est question de dosage. Le chant clair est vraiment venu naturellement, je n’ai pas cherché à en placer, mais il s’est imposé sur certaines parties. En plus, j’ai vraiment progressé à ce niveau-là et je le trouve plus varié et plus maîtrisé. C’est une remarque qui peut s’étendre à tout l’album, qui est plus abouti que notre précédent disque Negative Megalomania. En osant la comparaison avec Paradise Lost, je dirais que si Negative Megalomania est notre Icon, alors Under Saturn Retrograde est notre Draconian Times.

Vous avez souvent utilisé une imagerie choquante et dégradante, mais avec une touche d’esthétisme. C’est une façon de jouer sur les contrastes ou une façon d’affirmer que la beauté côtoie l’horreur partout ?
C’est vrai, on a commencé très tôt à montrer des paysages ou des images décadentes, abandonnées. Maintenant, tout le monde semble vouloir le faire… Et nous, on va arrêter ! J’ai toujours été fasciné par les paysages ruraux totalement déserts et les friches industrielles. De plus, on aime représenter la misère humaine, l’abus de tout ce qui mène à la décadence et tout ce qui éradique le bonheur et le bien être. Voilà des thèmes assez récurrents chez Forgotten Tomb.

Tu es nihiliste ou totalement déprimé ?
Clairement nihiliste. J’ai ressenti de la dépression plus jeune, mais j’ai clairement franchi un cap et je préfère désormais vivre dangereusement. Du coup, la musique n’est absolument pas une thérapie pour moi. Je fais ce que j’aime faire, rien de plus. Il y a des fans de Forgotten Tomb qui ont utilisé mes paroles pour réfléchir à leurs propres souffrances, mais je n’ai jamais voulu ça. Je ne veux rien écrire de prophétique ou de thérapeutique. Par mes paroles, je veux détruire les gens, intensifier leurs souffrances. Je veux qu’ils fassent du mal, à eux-mêmes et aux autres. C’est pour ça qu’on a un peu changé les thèmes des paroles récemment. J’essaie désormais d’écrire des trucs universels. Je ne veux pas sauver qui que ce soit, je n’arrive déjà pas à me sauver moi-même ! Du coup, j’essaie de traîner tout le monde dans la misère avec moi.

Il y a d’autres thèmes que la haine dans les paroles ?
Oui. Le titre de l’album fait référence à l’astrologie selon laquelle Saturn Retrograde a une influence néfaste sur nos sentiments et nos vies. Ça engendre le pessimisme, l’échec, tout ce qui est négatif dans la vie de tous les jours. C’est donc une métaphore, comme on si on disait « être né sous une mauvaise étoile ». Je ne crois pas du tout en l’astrologie, mais j’ai trouvé l’idée marrante et en adéquation avec toute les merdes que j’ai endurées.

L’artwork de ce nouvel album est totalement Metal. C’est un ange déchu ?
C’est l’horreur absolue. Cet ange maléfique représente effectivement la déchéance, la misère. Il n’a pas de visage car le mal n’a pas de visage. Ce n’est personne en particulier, mais c’est en chacun de nous.

J’ai particulièrement apprécié deux chansons sur cet album : la première, « Under Saturn Retrograde », et la plus épique « You Can’t Kill Who’s Already Dead ».
C’est bon à savoir, car j’aime aussi ces titres plus que les autres. Et c’est bien que tu les aies repérés car ils représentent parfaitement le Forgotten Tomb d’aujourd’hui et de demain. J’ajouterais aussi le titre « Joyless » dont je suis particulièrement fier.

FORGOTTEN TOMB - Under Saturn Retrograde
Agonia Records

Myspace : www.myspace.com/darknessinstereo

Negative Creep Décadence, misère, noirceur. Voici les mots qui caractérisent Forgotten Tomb et son leader Herr Morbid. Mais ça, c’est pour la vitrine. Pour nous autres, fans de la musique, il faudrait ajouter le terme « jouissif ». Car depuis Negative Megalomania, sorti il y a 4 ans, le groupe a trouvé sa recette magique, son Graal : le mariage des racines métalliques à un côté catchy et immédiat, capable d’accrocher les foules. Personne ne peut résister au charme d’Under Saturn Retrograde, sorte de Negative Megalomania en mieux : plus abouti, plus mélodique, plus violent. Certainement un des albums de l’année, qu’Herr Morbid défend avec conviction, fierté, et - il faut bien l’avouer - beaucoup de bonheur… Un comble. Interview également parue dans le Metal Obs' 48 de Juillet / Août 2011
Entretien avec Herr Morbid (chant, guitare) par Yath
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