Comment
te sens-tu actuellement, Chris : soulagé mais ravi ?
Fatigué après tout le travail fourni ces derniers mois ?
Nous sommes très heureux que l’album soit désormais
disponible, bien que nous soyons quelque peu fatigués.
Actuellement, nous sommes très pris par la promotion de ce
nouvel album et enchaînons avec une tournée qui
démarre véritablement en mai en France. Nous
n’avons pas vraiment eu l’occasion de souffler depuis
l’enregistrement, le mixage, le mastering et
l’élaboration de l’artwork. Nous venons de
délivrer notre œuvre la plus aboutie en termes de travail
et de sonorités à ce jour. C’est un nouveau cadeau
pour nos fans, un nouveau souffle pour Septicflesh, et d’une
manière plus générale une contribution importante
à la musique Metal symphonique.
Ce soir, c’est votre premier
show pour promouvoir The Great Mass à la veille d’une
tournée marathon en France puis aux USA. Qu’allez-vous
jouer ici à Bourges, devant un public composé de fans
mais aussi de néophytes ?
Nous allons jouer 4 nouvelles chansons du nouvel album : « A
Great Mass Of Death », « Five-Pointed Star », «
The Vampire From Nazareth » et « Pyramid God ». On va
peut-être aussi jouer « Oceans Of Grey ». Le reste
sera principalement extrait de Communion (NDLR : un incident technique
écourtera le set).
Sans rentrer dans le détail, peux-tu revenir sur les principales raisons de votre break en 2003 ?
Il y a de nombreuses raisons… Nous avons dû prendre
à l’époque une décision difficile. Il
fallait très sérieusement reprendre notre destin en main.
Tu continuais alors parallèlement tes études de musique en Angleterre…
Oui, je travaillais et terminais mes études de compositeur en
Angleterre. Mon frère, Spiros alias Seth, était alors
très occupé par son travail de graphiste et ses
œuvres en cours (NDLR : Seth a réalisé de
nombreuses pochettes d’albums de Metal). Sotiris Vayenas
(guitare, chant clair) ne jouait déjà plus en live avec
nous depuis quelques années (il sera présent
exceptionnellement le lendemain au concert de Chaulnes). On s’est
dit qu’on ne pouvait pas sortir un nouvel album ainsi, il nous
fallait prendre du temps, du recul, pour créer quelque chose
dont nous serions artistiquement fiers, avec un réel sens. Nous
n’avons également pas eu de chance avec le label
hollandais Hammerheart qui a connu de graves problèmes
financiers juste après la sortie de notre album Sumerian Daemons
en 2003.
En revenant sur scène en 2006, vous vouliez faire les choses correctement, si je comprends bien ?
Exactement, on a pris notre temps et on a ensuite signé avec Season Of Mist.
Il
y a toujours eu une relation spéciale entre vous et la France,
comme pour d’autres groupes grecs d’ailleurs, que ce soit
au niveau du public ou du label, et là je pense à celui
qui vous a lancé en 1994 : Holy Records…
C’est vrai, et aujourd’hui plus que jamais ! Season Of Mist
est un bien plus gros label. Nous les connaissions bien et ils nous ont
fait une belle offre. Pour notre album Communion, on était plus
réalistes qu’optimistes. On ne s’attendait pas
à ce que ça se passe aussi bien. La France est le pays
où nous avons le plus de fans à vrai dire, même
plus que chez nous en Grèce ! Holy Records nous a permis
à l’époque de nous développer ici et
à l’étranger. A présent, c’est
à une autre échelle avec Season Of Mist. Avec The Great
Mass, je pense qu’on a encore atteint un niveau supérieur
: il écrase le précédent album Communion.
Avec The Great Mass, je pense qu’on a encore atteint un niveau supérieur :
il écrase le précédent album Communion.
Contrairement à The Great Mass,
Communion était très compact et direct avec des
orchestrations largement inspirées du classique et de certaines
musiques de films (Dracula, Les Dents De La Mer…).
Oui, je vois (rires). On adore tous au sein de Septicflesh les B.O. de
films mais pas tant que ça l’œuvre de John Williams.
Bien sûr, je travaille dans cet environnement et ai
étudié la musique classique à Londres alors
forcément, les orchestrations c’est mon truc. Mais on est
davantage fans de Danny Elfman (NDLR : connu pour son travail avec Tim
Burton), Elliot Goldenthal ou encore Jerry Goldsmith (La Planète
Des Singes).
Comment présenterais-tu alors ce nouvel et formidable album ?
Pour nous, il représente une évolution. C’est un
nouveau pas, encore plus loin, toujours plus haut. On ne veut pas se
répéter car on finirait par se copier soi-même et
virer commercial. Je veux créer quelque chose d’unique,
tout le challenge est là. Bien sûr, on retrouve les
éléments typiques de Septicflesh comme tu le mentionnais
précédemment pour Communion, mais à un niveau
supérieur, notamment au niveau des orchestrations dont je suis
très fier.
Ce sont des samples ou un vrai orchestre sur le disque ?
Non, on a enregistré avec l’Orchestre Philharmonique de
Prague, comme Dimmu Borgir l’a déjà fait. On a eu
recours à environ 150 personnes : des chœurs, des sections
de cuivres et de cordes, des percussions, etc.
L’intégration de l’orchestre s’est faite
naturellement. C’est un tout, ce ne sont pas de simples claviers
rajoutés comme ça, à droite à gauche. On ne
peut pas recréer l’apport d’un orchestre ainsi. Bien
entendu, sur scène, ce sont des samples qui restituent les vrais
enregistrements de nos orchestrations, pour des raisons
évidentes de logistique et de budget. On n’est pas
Metallica (rires) ! Néanmoins, tout est fidèlement
restitué.
Est-ce qu’on peut comparer votre
approche de la musique classique à celle de Therion sur certains
de ses disques, notamment leur album live The Miskolc Experience
enregistré en Hongrie ?
Je ne veux pas dire de mal de Therion car j’ai trop de respect
pour Christofer Johnsson et son œuvre. Je pense que c’est
différent. L’orchestre y est plus conventionnel, il est
intégré de manière plus classique dans la musique.
Nous sommes plus avant-gardistes, d’une certaine manière.
Rêves-tu un jour
d’interpréter le répertoire de Septicflesh sur
scène au côté d’un orchestre ?
Absolument. Nous avons justement une offre d’Athènes,
c’est en projet. Ce sera lors d’un évènement
spécial. Mais cela demande beaucoup de travail et de temps. Cela
ferait l’objet d’un DVD live mais il est encore trop
tôt pour en parler.
Quels sont les thèmes
évoqués sur The Great Mass ? Depuis vos débuts, la
religion et la mythologie sont omniprésentes dans vos textes et
cela passe évidemment par les noms des albums ou chansons…
Je vais te répondre de manière générale car
c’est Sotiris qui est l’auteur de nos paroles depuis le
début. Nous n’avons pas de religion particulière.
Le nom de l’album revêt plusieurs sens. C’est
à la fois une forme de musique (« messe »), mais
aussi un lien vers certaines œuvres modernes de Stravinsky (NDLR
: sa messe Canticum Sacrum en 1956). Et enfin, c’est aussi tout
le système qui nous entoure : la culture de masse, les
médias, etc. Mais il n’y a aucun message religieux de
notre part. La religion est fondée sur la crainte et le
mensonge, or combien de gens meurent encore aujourd’hui pour elle
? C’est fou ! Nous croyons en l’Homme avant tout.
Vous avez changé de producteur ou de studio, notamment pour le mixage…
Oui, nous avons enregistré chez nous à Athènes, et
à Prague pour les orchestrations. Ce ne fut pas facile. Puis
nous avons confié le tout à Peter Tägtgren qui a
mixé l’album aux Abyss Studios en Suède.
La situation économique et
sociale n’est pas facile actuellement chez vous en Grèce.
Vous arrivez à vous en sortir avec votre musique ?
C’est un moment tragique et difficile, c’est vrai. On a
beaucoup de gens dans notre entourage qui sont touchés. Nous, on
arrive à vivre de notre musique mais pas à acheter des
choses (rires) ! En fait, en tant qu’artistes souvent en
déplacement à l’étranger, on est un peu
à côté de tout ça mais on reste conscient de
la situation.
Enfin, Chris, peux-tu lever le voile sur le prochain Chaostar, ton side-project ?
Pour le moment, je suis très occupé avec Septicflesh.
J’ai commencé à composer un nouvel album qui
sortira en début d’année prochaine chez Season Of
Mist. J’ai monté le groupe avec les meilleurs partenaires
possibles et on tournera bientôt avec Chaostar. On a
d’ailleurs fait deux shows récemment avec Rotting Christ.
SEPTICFLESH - The Great Mass
Season Of Mist
Myspace : www.myspace.com/septicfleshband