ALMAH


Le mouvement perpétuel...



Edu Falaschi, le vocaliste d'Angra, s'est illustré depuis deux albums avec son side project Almah. Le voici de retour avec une nouvelle rondelle sous le bras, « Motion », assez surprenante, nous montrant des aspects de la personnalité du chanteur que nous ne connaissions pas. Ce troisième opus est une petite merveille. Nous ne pouvions dès lors pas laisser passer l'occasion de tailler une bavette avec le chanteur, qui nous a entre autre parlé du futur d'Angra. 

Interview également parue dans le Metal Obs' 50 de Nov. / Déc. 2011

Entretien avec Edu Falaschi (Chant) par Vincent Rapez
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Que s'est-il passé pour le groupe depuis la parution de « Fragile Equality » en 2008 ?
Il s'est passé beaucoup de choses. Au départ, Almah n'était qu'un projet d'un seul album, un projet solo en quelque sorte mais nous avons décidé de garder ce groupe en vie car il y avait pas mal de problèmes avec Angra. Cela signifie que Motion est un disque très spécial pour moi car c'était le premier enregistrement d'Almah en tant que vrai groupe. Le futur d'Angra était tellement incertain à ce moment-là que Felipe et moi avions besoin d'être heureux à nouveau de faire de la musique. Et seulement pour la musique, pas pour l'argent ou pour une autre raison. Nous avons donc décidé de nous investir à fond dans Almah et de tourner intensivement. Voilà aussi pourquoi il y a un nouvel album, car nous avons pris énormément de plaisir avec Fragile Equality et la tournée qui s'en est suivie. Almah est enfin un groupe, ce qui n'était pas le cas avant. J'insiste sur ce point car nous nous devons d'être honnêtes par rapport à vos lecteurs. Angra est un groupe super que j'aime. Son histoire est belle et j'aime sa musique. Malheureusement, l'atmosphère qui règne au sein du groupe, si elle était géniale au début, s'est vraiment détériorée. Et je ne peux continuer à faire de la musique par rapport à la demande des fans ou pour les pressions de l'industrie musicale. Chacun au sein d'Angra est désappointé et triste. Mais nous allons nous battre et essayer de retrouver l'esprit pur qui animait Angra à un certain moment, notamment lors de la période de Holy Land ou Temple Of Shadows, c'est-à-dire lorsque nous étions un vrai groupe. Angra sera mis entre parenthèses après le Rock In Rio en septembre et nous ne savons pas quand nous allons revenir. Si je te parle d'Angra, c'est parce que je veux dire la vérité. De plus, Angra et Almah sont connectés d'une certaine manière. Pour en revenir à Almah, lorsque Fragile Equality est sorti, beaucoup de gens nous ont dit que ce disque était bien meilleur que les deux derniers albums d'Angra en date. Nous avons donc décidé de porter toute notre attention sur ce groupe car c'est ce que nous cherchons, un vrai groupe qui nous rend heureux. Je veux et j'ai hâte de partir en tournée de nouveau, de jouer dans des festivals, bref, de faire partie d'un groupe à nouveau. Motion est sans doute le plus important album de ma carrière car c'est lui qui va définir mon futur, s'il est encore avec Angra ou avec Almah. Il représente peut-être un changement dans ma carrière, un virage dans ma vie, une frontière dans ma musique.

Tu parles maintenant d'Almah comme un groupe, le line up entre Fragile Equality et Motion est resté le même, c'est un bon point aussi, non ?
Oui, tout à fait. Nous sommes ensemble simplement parce que nous le voulons, nous nous entendons bien. Il y a une certaine magie entre nous et c'est ce qui est le plus important. Nous sommes heureux de nous retrouver ensemble afin de jouer, de composer. Nous sommes des amis maintenant, nous nous voyons aussi beaucoup en dehors du contexte Almah. Nous avons composé et enregistré Motion car tout le monde dans le groupe le désirait vraiment.

Vous avez choisi le Norcal Studios au Brésil pour enregistrer Motion. Comment se sont déroulées les séances d'enregistrement ?
Nous l'avons choisi car il est situé à Sao Paulo et c'est un excellent lieu d'enregistrement. Nous avons aussi choisi de mixer l'album aux Pays-Bas, aux Split Second Sound Studios. La réussite d'un album tient tout autant du mixage que du lieu où tu enregistres. C'est ça le secret. Tu peux très bien avoir un enregistrement parfait qui peut être gâché par un mixage catastrophique. Nous n'avons malheureusement pas de bons studios de mixage au Brésil. C'est Jochem Jacobs de Textures qui s'en est chargé. C'est quelqu'un que nous avons rencontré il y a quelques années en Europe, son groupe est génial et il est tout simplement excellent dans son travail d'ingénieur du son. C'est pourquoi nous avons opté pour lui et nous ne le regrettons pas une seule seconde. Et l'album sonne vraiment bien. Nous voulions que Motion sonne comme du Textures et quand nous entendons le résultat, nous y sommes arrivés. Nous ne voulions pas d'un CD de moindre qualité. Nous sommes tellement contents du résultat que nous sommes certains de refaire appel à lui pour le prochain album.

 ALMAH

Quels sont les sujets abordés d'une manière générale sur Motion ?
Je tiens d'abord à souligner que ce n'est pas un album conceptuel. Je suis fatigué d'écrire ce genre de disque. J'en ai aussi un peu marre de parler de fantasy, de contes, d'anges et de démons, de dragons. Je voulais aborder des faits réels. Nous trouvions la musique si puissante qu'il nous fallait des paroles qui touchent les gens droit au cœur. Chaque morceau raconte une histoire différente. Par exemple, « Hypnotized » parle de la situation de la société et de la manipulation des médias qui te disent sans arrêt que tu dois être le premier, que tu dois être riche, que tu dois tout le temps gagner, avoir de l'argent pour être heureux. Nous n'avons pas besoin d'être riche pour être heureux. C'est assez ironique comme texte. « Bullets On The Altar » parle d'un gars qui a tué douze enfants ici au Brésil. Il était complètement fou et a tué ces enfants au nom de Dieu parce que soi disant il voulait les sauver. C'est si triste. Cela nous amène indirectement à parler de la religion. Où est la limite entre ce qui est bien ou non ? « Late Night in ’85 » est personnel et relate des faits qui me sont arrivé en 1984 lorsque mon père est décédé. Mais je n'en parle pas d'une manière triste. J'en parle en pensant au futur, comment j'allais grandir sans lui et devenir un homme car j'étais très jeune à ce moment-là. C'est un message pour les personnes qui ont vécu ce genre d'expérience et qui vont savoir de quoi je parle. Il y a une grande part de romantisme dans ce titre. « Zombies Dictator » parle justement des dictatures qui sont incompréhensibles et inadmissibles en 2011. Ce sont à chaque fois des bases de discussions.

D'où vient l'image présente sur la pochette ?
C'est assez marrant que tu me demandes ça car elle vient de Paris. C'est une photo que j'ai prise lors d'un de mes précédents voyages en France. Je l'ai prise avec mon Iphone. On lui a ajouté des effets pour donner l'impression de mouvement.

« Trace Of Trait » est la première vidéo que vous ayez tournée. Pourquoi le choix de ce titre en particulier ?
Nous trouvons que ce morceau synthétise très bien l'entièreté du disque. Tu y retrouves des mélodies assez fortes, puissantes, belles, parfois même mélancoliques. Les parties de guitare y sont aussi très techniques. La section rythmique est une vraie tuerie mais en même temps assez simple. Le refrain est aussi très entraînant. C'est le morceau idéal pour un premier single et une première vidéo.

As-tu quelque chose à ajouter à tes fans français ?
Je voudrais dire d'abord merci beaucoup à tout le monde (en français). Je serais très content d'être de retour en France rapidement. Je suis reconnaissant envers nos fans français car ils sont différents de ceux d'ailleurs. Vous allez beaucoup plus loin dans toutes les formes d'art. La France est unique.


ALMAH - Motion
AFM Records



Myspace : www.myspace.com/almahedufalaschi