Ronnie, comment expliques-tu ce retour espéré mais inattendu de Beggars & Thieves ?
C’est en grande partie grâce à nos fans (nous
préférons les appeler nos amis) européens.
Beaucoup d’entre eux nous ont contactés via les
réseaux sociaux pour nous dire qu’ils appréciaient
notre musique, qu’une chanson les avait marqués pour telle
ou telle raison. Cela nous a poussés à enregistrer le
nouvel album. Pendant une longue période, le groupe a
été miné par l’industrie musicale. Nous
n’imagions pas que tant de personnes en Europe et dans le monde
entier soutenaient à ce point Beggars &
Thieves.
Considérez-vous cela comme un nouveau départ ?
Nous le considérons plutôt comme une suite. J’ai
continué à travailler avec Louie (Merlino, chant) dans la
réalisation de jingles et musiques d’illustration pour la
télé. Nous sommes donc restés très proches.
Nous avons également joué avec le groupe Sin City
All-Stars avec Brent Muscat (Faster Pussycat), Lez Warner (The Cult) et
Sean Koos (Joan Jett & The Blackhearts). Grâce à notre
vieil ami Dana Strum (Slaughter, Vince Neil), nous avons assuré
les premières parties de Slaughter, Vince Neill, Tesla, Skid
Row, Ratt et LA Guns. Des moments inoubliables. Je me suis rendu compte
que Louie mettait tout son cœur et chantait mieux que jamais
tandis que de mon côté je suis plus prolifique
aujourd’hui en tant que compositeur. Plus rien ne
s’opposait à la création d’un nouvel album.
Es-tu nostalgique, fier ou regrettes-tu la période où vous classiez des titres dans les charts ?
Je ne suis pas nostalgique. Je suis satisfait de ce que nous avons
accompli. Lors de nos récents concerts, j’ai
constaté que nos chansons n’avaient pas vieilli pour un
sou. Un regret ? Même si je suis fier de notre premier disque,
les démos produites par Desmond Child et enregistrées
avec Hughie McDonald (aujourd’hui bassiste de Bon Jovi) et le
regretté Bobby Chouinard (batteur) étaient d’une
qualité supérieure.
La motivation et votre attitude face à la musique ont-elles changé ?
Je ne pense pas que notre motivation diffère. Nous cherchons
toujours à écrire de bons morceaux, à nous
améliorer tant en studio que sur scène. Mais
l’innocence a disparu. Nous sommes conscients des
mécanismes qui sous-tendent l’industrie musicale. A nos
débuts, nous avions les plus grands managers, producteurs et
ingénieurs à notre disposition. Malgré nous, nous
étions classés dans la catégorie des « rock
hair band ». On faisait à l’époque la
couverture de Metal Edge, Hit Parade et tous ces magazines glam.
Lorsque Nirvana est arrivé, tout s’est arrêté
d’un seul coup. Nous étions subitement
considérés comme des guignols par les médias et
notre label nous a découpés en rondelles. De nombreux
groupes ont complètement disparu de la scène et certains
musiciens ne s’en sont jamais remis. Nos illusions ont disparu.
Il aurait été naïf d’espérer le
contraire.
Quelles sont les influences majeures de Beggars and Thieves ?
Nous avons voulu réaliser un album de rock brillant par ses
arrangements avec une production méticuleuse façon Led
Zeppelin, les Who, Pink Floyd ou U2. Ce sont-là nos principales
références. Tu sais, les gens aiment bien te coller une
étiquette. Nous avons décidé d’appeler notre
musique ‘New Classic Rock’.
Je me trompe en affirmant que l’on trouve également un côté blues chez vous ?
Non, tu as raison. J’adore Jeff Beck, Jimmy Page, David Gilmore,
The Edge et Stevie Ray Vaughan. Je ne suis pas un guitariste qui joue
très vite, je préfère de loin des solos
lyriques et bluesy. Les chanteurs favoris de Louis s’appellent
Robert Plant, Steve Marriott d’Humble Pie, Ian Gillan et Paul
Rodgers. On adore les sensations et les émotions qui se
dégagent du blues. Et des émotions, il y en a
pléthore dans cette musique. Nous n’avons cependant pas
essayé de refaire des morceaux à fortes connotations
rhythm’n’blues comme « Your Love Is In Vain »
du premier album ou « Mad Dog Wine » que l’on trouve
sur Look What You Create mais à l’origine, notre style
vient effectivement du blues.
Les gens aiment te coller une étiquette.
Nous avons décidé d’appeler notre musique ‘New Classic Rock’.
Quel a été le processus d'écriture de cet album ?
« Wish Away » a été le premier titre
écrit pour ce CD. Cela part généralement
d’une jam ou d’une idée brute. « We Come
Undone » par exemple a été adapté à
partir d’un riff d’un morceau que nous ne parvenions pas
à terminer. J’ai écrit les autres titres pour la
voix de Louie. C’est devenu plus facile pour moi
d’écrire. Je suis arrivé à une
période de ma vie où je n’ai plus besoin de
m’acharner sur une feuille. Les idées sortent presque
toutes seules. Je savais précisément dans quelle
direction je voulais aller avec cet album. La moitié des compos
ont été créées lors de dix jours de
vacances sur une plage. Lorsqu’une idée germait, je
prenais une vieille guitare sèche achetée
d’occasion sur place et enregistrais la mélodie sur mon
iPhone. En moins de vingt minutes, 75% d’une chanson était
ainsi créée.
Dégages-tu des titres particuliers ?
J’aime l’album dans son intégralité mais
j’aurais tendance à dire que « Oil And Water
» est mon préféré. Nous n’avons jamais
écrit auparavant quelque chose d’aussi épique. La
chanson « Never Gonna See You Again » est plus personnelle.
C’est un hommage à mon grand-père Albert Perry dont
j'étais très proche. « Seven Seconds » et
« Midnight Blue » sonnent très modernes et sortent
des stéréotypes du Metal (des cordes
désaccordées et une voix gutturale). Enfin, « We
Are The Brokenhearted » pour son message positif. La vie ne se
passe pas toujours comme on le souhaiterait mais il faut
s’efforcer de voir le bon côté des choses, comme
être en bonne santé par exemple.
On peut signaler que Tommy Price et
Enzo Penizzoto, membres des fameux Blackhearts (groupe qui accompagne
Joan Jett), ont travaillé sur les démos de « We Are
The Brokenhearted ».
Oui, nous avons jammé avec Tommy et Enzo après un de
leurs concerts et on a décidé de les employer pour
l’album. Il forme la meilleure section rythmique de New York.
Cela nous a coûté un bras pour les faire venir enregistrer
à Vegas mais cela valait le coup. Ils carburent à
l’énergie brute et punk tout en étant subtils. Les
New Yorkais sont des rockers dans l’âme. Louie et moi avons
du sang d’East Village (quartier de Manhattan) dans les veines.
On n'oublie pas nos racines, nos valeurs.
Peux-tu nous présenter les deux nouveaux membres du groupe ?
Notre nouveau batteur Erik Gloege est un vieil ami de trente ans. Il a
sa propre boîte de production vidéo. Lors d’une
soirée, il m’a avoué que son rêve
était de devenir batteur à temps plein. Il n’a donc
pas hésité à nous rejoindre lorsque je lui ai fait
la proposition. Il a pris un fameux virage sur le plan professionnel
mais c’est un fabuleux musicien. En concert, il joue comme un
possédé. Blake Newman est un jeune bassiste qui aime
travailler en équipe malheureusement il connaît aussi des
problèmes avec la drogue. Il suit actuellement une cure de
désintox. Je ne sais pas s’il pourra à nouveau nous
rejoindre. C’est fâcheux, toutefois avec Louie et
Erik, on forme un bon groupe en live.
Avez-vous gardé le contact avec Phil Soussan (ex-Ozzy Ozbourne), votre premier bassiste ?
Je suis toujours en relation avec Phil. Il se porte à merveille.
C’est quelqu’un qui a su s’adapter aux nombreux
changements de notre société. C’est un autodidacte.
Il bosse actuellement à l'Académie des Arts et des
Sciences du Disque (NARAS) qui décerne les Grammys. Il peut y
laisser exprimer son talent.
Quels sont vos projets pour 2012 ?
Nous espérons un engouement de la part du public. Si c’est
le cas, nous viendrons jouer en Europe. Nous ferons quelques festivals
aux States mais c’est vraiment en Europe que nous voulons venir.
Il y a une sorte d’histoire d’amour entre nous et ce
continent. Nous sommes subjugués par votre histoire, la
nourriture et l’ouverture d’esprit des fans de Rock. Nous
sommes très impatients de défendre le nouvel album sur
scène. Actuellement, nous terminons le mixage d’un CD
live. On y trouve d'étonnantes improvisations et une reprise de
Led Zep « The Song Remains the Same ». Et puis, le
clip vidéo de « We Come Undone » vient
d’être mis en ligne. Jake E. Lee, Blas Elias (Slaughter),
Ronnie Keel et Paul Shortinio sont de la partie. Allez voir,
c’est amusant !
BEGGARS AND THIEVES - We Are The Brokenhearted
Frontiers Records / Harmonia Mundi
Site : www.beggarsnthieves.com
Myspace : www.myspace.com/thebeggarsandthieves