Pour commencer, comment définiriez-vous votre musique ?
Pat : Je
dirais aussi plus simplement que l’on fait du Rock-Metal,
c’est plus généraliste, mais Kells est un
mélange de tellement de choses, que je trouve qu’il est
difficile de se classer dans un style précis.
Le nouvel album Anachromie doit sortir le 20 janvier, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Anachromie, c’est une nouvelle page qui se tourne, avec un
nouveau batteur, et une évolution musicale. Cela ressemble de
plus en plus à ce qu’est vraiment Kells, à ce que
Kells a toujours été en live.
Juju : Nous
sommes très impatients de le sortir ! Nous avons la chance de
travailler avec Season Of Mist pour ce 3ème album, ce qui
permettra à Kells d'être distribué partout en
Europe. Cet album comporte une édition limitée collector
avec un DVD bonus. Cela permettra aux gens qui nous suivent d'en avoir
encore plus. Les personnes qui ne nous connaissent pas encore pourront
vraiment rentrer dans notre univers. Et surtout, nous sommes
pressés de repartir sur les routes pour défendre ces
nouveaux titres !
D’où vous vient ce nom ?
Virginie :
Dans mes textes, j’utilise beaucoup d’images picturales, et
les adjectifs de couleur tiennent une place très importante (or,
argent, nacre, blanc, bleu, saphir, ambre, bleuté, safran,
amaranthe, ocre, noir… pour ne citer que ceux-là), donc
le concept de CHROMIE tenait une place essentielle. Ensuite, j’ai
poussé encore plus loin mon amour pour le surréalisme en
cassant davantage que dans les albums précédents les
repères d’espace-temps : ANACHRONIE. Et enfin pour
contredire le contenu des textes hauts en couleur, la pochette est
totalement noire et blanche : ACHROMIE. La fusion de ces 2 concepts a
donné ANACHROMIE.
Comment s’est passée la composition des différents titres ?
Pat :
Généralement, je commence à poser des riffs de
guitare, ou des idées de refrain ou des suites d’accord,
et si cela inspire Virginie au chant, on présente
l’ébauche aux autres membres et nous l’arrangeons
tous ensemble. Quelques fois, un morceau n’inspire pas sur le
coup mais en y revenant plus tard, c’est l’illumination.
Lo : Dans
l'ensemble, la composition se fait assez rapidement, mais il y a
toujours des titres qui demandent un peu plus de travail et
d'approfondissement.
Juju : Nous
avons passé près de 8 mois à composer cet album,
car nous étions en même temps en pleine tournée
avec Epica et Tarja, donc pas évident pour nous d'avoir l'esprit
uniquement à la composition. Nous bossons
généralement une idée sur ordinateur, puis chacun
essaye de trouver une partie qui colle, et ensuite nous
développons tout ça ensemble au studio de
répète. Le travail sur ordinateur est indispensable si tu
veux prendre un minimum de recul sur les titres.
Quel est le rôle de chacun dans cette phase de composition ?
Lo : Les
idées de base viennent de Pat et Virg. Ils nous envoient des
riffs, des bouts de chansons, et après on se voit tous
ensemble, on voit comment ça tourne, comment chacun voit
le titre…
Juju : De
mon côté, je me préoccupe principalement du travail
rythmique, je programme mes drums sur Logic ou Cubase, afin d'avoir une
pré-prod assez réaliste de ce que sera l'album. Chacun
donne son mot au niveau des arrangements, des structures...
Diverses influences se sentent dans ce nouvel opus avec toutefois un aspect totalement novateur…
Pat : Merci
pour l’aspect novateur ! Pourtant les influences sont les
mêmes qu‘au début, c’est juste les membres qui
changent et nos idées personnelles qui évoluent. Par
exemple, Fabrice (notre claviériste à
l’époque de Gaia et qui a collaboré à la
composition de 2 morceaux de Lueurs) n’aimait pas les gros riffs
de guitare trop violents donc cela limitait pas mal les choses …
Aussi, notre premier batteur, Guillaume, avait certaines limites
techniques… Tout cela faisait de la musique de Gaia ce
qu’elle était.
Ju : Nous
écoutons sensiblement les mêmes choses... Virg est
très rock, elle est ouverte à pleins de styles
différents. Pat est très ouvert également, il
apprécie aussi bien un vieux Machine Head qu'un groupe de soul
avec section cuivre ! Lolo écoute pleins de choses
intéressantes aussi, et de mon côté j'aime la
musique avec un grand M, que se soit du Rock, de la Funk, du Reggae,
musique africaine, du Jazz... surtout pour la batterie. Les rythmes que
j'apporte dans Kells viennent de pleins d'univers différents,
c'est ce que j'adore dans la musique, à partir du moment
où tu arrives à garder la cohérence sur tes
compos, ça fonctionne ! Pour cet album, on ne s'est pas
posé de questions, on a eu beaucoup d'inspiration et tout est
venu très naturellement pour ma part. Au niveau du chant, on ne
s'attend pas à du français, et encore moins à des
growls... Virg a beaucoup bossé et n'a pas fini de vous
surprendre !
Kells est un mélange de tellement de choses,
que je trouve qu’il est difficile de nous classer dans un style précis…
Le mastering a été fait
par Ted Jensen qui a produit beaucoup de groupes américains des
années 1990. Comment jugez-vous le travail effectué sur
votre opus ?
Ted Jansen est une référence en la matière, c'est
pour cette raison que nous avons choisi de collaborer avec lui. Ce mec
a vraiment du talent ! Concernant notre album, nous sommes satisfaits
de son travail, et le résultat est très agréable,
il a su restituer le son et l'énergie que l'on imaginait pour
cet album.
Pat :
Personnellement, je suis content du travail qu’il a fait mais il
est vrai que je m’attendais quand même à quelque
chose de plus étonnant, enfin… je pensais en faisant un
mastering chez lui que l’on allait avoir un son extraordinaire.
Vous avez été
signés chez Season Of Mist en milieu d’année,
qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Juju : Nous
sommes très heureux de faire partie des artistes Season Of Mist
! C'est un très bon label. Ils sont très présents
avec le groupe. Cela nous permettra de bénéficier d'une
distribution Européenne, et d'un soutien auprès des
médias, festivals... C'était important pour le groupe
d'avoir une distribution de ce genre, de manière à ce que
les gens qui se déplacent pour nous voir à
l'étranger puissent trouver l'album chez leur disquaire... Car
le but pour Kells et Season est de faire en sorte de développer
le projet à l'étranger. Donc nous sommes satisfaits
à 200% de leur travail à notre égard.
Alors en plus de cet album, vous avez
eu des tournées importantes en 2010 et 2011 avec Epica et Tarja
Turunen, qu’est-ce que vous en retenez ?
Ces tournées ont été très
bénéfiques pour chacun d'entre nous ! Ça nous a
permis de gagner en professionnalisme, que se soit sur scène ou
à l'extérieur. Nous avons pris plein d'automatismes, que
ce soit sur scène, ou en soundcheck... Ça nous a
montré également qu’il faut une hygiène de
vie irréprochable si on veut tenir toute une tournée...
Je ne l'ai pas vraiment appliqué jusqu'à maintenant, mais
c'est dans mes projets ! Tu peux faire la fiesta chaque soir
jusqu'à 6h du matin dans le tour-bus, mais le lendemain il faut
assurer ! Plus sérieusement, nous avons gagné en
maturité grâce à ces nombreuses dates, nous sommes
ravis d'avoir vécu cette fabuleuse expérience, et sommes
impatients de reprendre la route !
Pour un groupe français, s’exporter n’est-il pas déjà un exploit ?
Pat : Il
est vrai que les groupes français qui jouent hors des pays
francophones sont très rares, tous styles confondus…
Juju : Il
est très difficile à l'heure actuelle de s'exporter...
Beaucoup de prétendants pour peu d'élus... Il y a
malgré tout une part de chance, le fait d'être là
au bon moment avec les bonnes personnes... Tout ça compte
énormément ! Il ne faut pas se décourager, il faut
y croire, sinon autant rester chez soi et faire des reprises de Johnny
dans les bars (Rires). A partir du moment où tu te donnes les
moyens de faire avancer un projet, en y investissant 100% de ton
énergie, que tu trouves les moyens financiers pour
réaliser tes idées, et bien tu avances. Et c'est ce qui
se passe pour Kells. C'est énormément de sacrifices, de
compromis... mais ça commence à payer.
Lo : Avec de la persévérance, tout est possible !
Le fait de chanter en français est-il pour vous un atout ?
Pat : Au
début, beaucoup nous reprochaient de chanter en français,
mais on s’est rendu compte que c’est devenu un atout, le
public trouve ça original, en Pologne, par exemple, on nous a
dit que c’était « exotique ».
Lo : Et ça nous permet de nous différencier de beaucoup de groupes…
Virg :
D’un point de vue plus personnel, j’ai beau parler anglais,
je ne suis pas inspirée dans cette langue. Je n’ai pas de
problème à écrire des traductions pour
d’autres groupes, j’ai notamment collaboré au
dernier Eths, mais pour ce qui est de créer quelque chose
d’inspiré, de profond, personnel et original, je ne sais
le faire qu’en Français !
Quels vont être vos projets suite à la sortie de l’album ? Une tournée ?
Juju : Le
but du jeu pour nous va être de tourner le plus possible, aussi
bien en France que dans le reste de l'Europe... Nous avons quelques
projets en dehors de l'Europe, mais je ne peux pas t'en parler pour le
moment. Nous devrions également réaliser notre prochain
clip issu d’Anachromie... Nous avons hâte d'attaquer le
tournage ! Et puis, je pense que nous n'allons pas trop tarder à
reprendre la composition, de manière à prendre le temps
nécessaire pour délivrer un 4ème album encore plus
surprenant !
Et enfin, avez-vous un message pour vos fans et les lecteurs de Metal Obs’ / Noiseweb ?
Un grand merci à toi pour cette interview, ainsi qu'aux lecteurs
qui, je l'espère, viendront nous soutenir sur les prochaines
dates !
Pat : Je
dirais : « Allez écouter notre nouvel album, et
n’hésitez pas à venir nous voir en concert et nous
dire ce que vous en avez pensé ! » Bravo à vous
tous qui êtes passionnés de Memétal dans un pays
qui rejette ce style ! A très bientôt !
Lo : Un GRAND ENORME GIGANTESQUE MERCI à tous ceux et celles qui nous soutiennent ! Sans vous, nous ne sommes rien !
Virg : Merci à tous, et rendez-vous au détour d’un concert !
KELLS – Anachromie
Season Of Mist
Site : www.kellsofficial.com