Interview HYPNO5E Juin 2012

Vous avez tourné à travers différents pays avec des groupes renommés. Comment cela s'est-il passé ? J'imagine que c'est une super expérience pour vous ?
Gredin : Complètement! Au début on organisait nos tournées tout seuls, on était toujours curieux de savoir où on allait atterrir car par internet on ne peut pas vraiment se faire une idée de ce qui nous attend. Maintenant on est tout-terrains, grandes salles, petites salles, 3000 personnes, 3 personnes, avec une sono de malade ou avec rien du tout (même avec des congas pour remplacer les toms de la batterie)... On a eu droit à tout. Maintenant avec A Backward Glance On A Travel Road on est même capables de jouer sans électricité! Puis que ce soit au niveau du public ou des groupes avec qui nous avons joué, on a aussi eu droit à toutes sortes de réactions, des gens très froids (rarement quand même) et de la chaleur humaine à s’en étouffer...
Manu : On savait qu’un projet comme le notre ne pouvait pas mieux se défendre que sur scène. Depuis le début, c’était évident qu’il fallait tourner intensivement, et pas seulement en France. Toutes ses tournées, nous les avons organisées nous mêmes avec l'appui de partenaires locaux. C’est grâce à toutes ces dates qu’on a pu se faire un nom dans le milieu, et on ne compte vraiment pas s'arrêter la. SI on pouvait être sur la route 365 jours par an, on le ferait sans hésiter!

Le côté expérimental est toujours aussi présent à travers ce nouvel album. Comment s'est passé le processus d'enregistrement ?
Gredin : Manu nous a montré une centaine de riffs, et on s'est réunis pour essayer de trouver un ordre cohérent. En structurant le tout, on a gardé à l'esprit qu'on aurait à le jouer en concert, on a vraiment recherché la cohérence et l'efficacité. On a vraiment essayé de faire un album complet et puissant.
Manu : L’enregistrement dans sa totalité a duré prés d’1 an. Ceci dit, il y a eu pas mal de coupures entre les périodes de studio, que ce soit à cause des tournées, ou de la sortie de notre side project, Backward. En entrant en studio, on savait qu’on voulait proposer une suite à Des deux l’une est l’autre, en restant fidèles à notre style, mais tout en creusant et en essayant d’aller bien plus loin que le premier album.

Des interludes musicaux voire cinématographiques sont présents tout au long du disque ? Vous voulez faire passer un message particulier? Vous avez des références en termes de film ?
Gredin : On essaie d'injecter des textes qui ont du sens et de la poésie, pour créer un dialogue entre les samples et le chant. Les deux sont des indices, l'interprétation est libre à chacun mais la direction métaphysique, ou le sens premier du moins, est plutôt existentialiste. Dans Des Deux L'une est l'autre, on peut entendre, entre autres, des extraits de films de Godard ou de Cocteau ; dans Acid Mist, on retrouve du Camus, Artaud, Nerval, et il a une consonance nettement plus littéraire : la couleur de la musique s'en trouve forcément affectée.
Manu : On utilise beaucoup de samples de manière à créer un dialogue, à les faire sortir de leur contexte et à en faire quelque chose de nouveau. Sur le premier, on a utilisé des samples de discours d’André Breton, et on a coupé des parties pour en faire des phrases différentes. Sur « Acid Mist Tomorrow », lorsque j’ai fait mes recherches, il me semblait évident de coller du Camus. L’écriture est chargée, mais pas lourde à entendre, il y a directement du sens. Ça nous aide à donner une dimension autre à la musique, ça nous permet aussi de communiquer et ça donne un côté film à la musique. L’idée était de créer des dialogues entre les samples et les textes que je chante sur le disque.

Parles-nous un peu de "Gehenne" qui montre plusieurs facettes aux ambiances hypnotisantes, avec beaucoup d'émotions ?
Pour moi, la trilogie Gehenne est sûrement le noyau du disque. C'est dans ce titre que se concentrent tous les éléments de notre style. C'est surement le titre le plus complet et en même temps le plus épuré du disque : il va droit au but. Je le trouve limpide et il fait ressortir une rage primitive qui touche directement les sensations, en se débarrassant complètement de toute approche cérébrale (contrairement à d'autres morceaux dans le disque). De plus, il évoque pour moi un rapport avec une terre que j'affectionne tout particulièrement, dans laquelle j'ai grandi, et où j'ai connu mes premières émotions musicales : la Bolivie (et, plus largement, l’Amérique du sud). D'où l'utilisation de l'espagnol, qui est quasiment ma langue “natale”, puisque j’ai vécu en Amérique du sud pendant 11 ans dés mon plus jeune âge.

On vous souhaite le meilleur avec cet album. Gros planning pour cette année ?
Gredin : Merci! On tourne en Australie en mai, on refait un petit tour en Europe en juin, peut-être Cuba en juillet, Canada et États-Unis en août/septembre, La Réunion en novembre puis retour en France en décembre. Oui, cela ressemble peut-être à des destinations de vacances, mais il faut bien le défendre cet album!
Manu : Ce qui s’annonce, ce sont des tournées un peu partout en Europe, USA, Australie, et peut-être plus encore ! Faire vivre au maximum ce nouvel opus sur scène. Je pense qu’on sera en tournée au minimum jusqu'à l’été 2013, si ce n’est plus. A la suite de tout ca, on entrera en studio pour l’enregistrement du 3éme album, histoire de ne pas faire une pause aussi longue cette fois-ci.

HYPNO5E – Acid Mist Tomorrow
Klonosphere/Season of Mist

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Le Mentaliste... Auteur d'un album intéressant paru en 2007, on se demandait ce que pouvait bien mijoter Hypno5e. C'est en cette année que le groupe sort de son coma pour se réveiller avec un fantastique album « Acid Mist Tomorrow . Création et inventivité sont au rendez-vous. Nos franciliens auront-il la ferveur du public pour se permettre de rêver à un bel avenir ? Interview également parue dans le Metal Obs' 53 de mai / juin 2012
Entretien avec Manu (chant) et Gredin (basse) par Loïc Cormery
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