DEATH ANGEL        

Fistful of Thrash
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Death Angel a fait un cadeau ultime à ses fans en 2012, celui de jouer complètement en live l’album The Ultra-Violence, entre deux tournées pour promouvoir son très bon album précédent, Relentless Retribution. Cela eu pour effet de les forcer à composer leur nouveau disque sur la route et le moins que l’on puisse dire, c’est que les gars ont bouffé du lion ! Si The Ultra-Violence peut être considéré par l’ancienne génération de thrashers comme la pierre angulaire de la première époque, nul doute que The Dream Calls For Blood fera également date dans leur discographie, comme nous l’a confirmé au téléphone le sympathique Mark Osegueda, hurleur de son état.

Interview également parue dans Metallian #79 de sept. 2013
(en version éditée)

Entretien avec Mark Osegueda (vocals) par Will "Of Death" HIEN
Rechercher : dans l'interview
Vous avez annoncé votre retour en 2003, après un long break, tu avais même déménagé à New York. 10 ans plus tard, qu’est-ce qui a changé dans Death Angel ?
C’est vrai que je m’étais barré après la tournée pour Act III parce qu’on était très populaires, on générait un max de pognon et rien ne rentrait ici, on avait tous des problèmes pour survivre. Notre accident de bus en 1990 a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase… Maintenant, l’atmosphère dans le groupe est excellente car nous avons cinq personnes qui sont à fond, qui veulent toutes tourner et heureusement d’ailleurs, car de nos jours, c’est la seule façon pour un groupe de survivre, les ventes de disques ne suffisant plus. Et ça me va très bien puisque faire des concerts est vraiment ce qui me plait le plus en tant que musicien.

The Dream Calls For Blood est votre quatrième album en 9 ans, ce qui signifie un rythme soutenu entre la composition, les tournées et le studio ! Comment parvenez-vous à soutenir aujourd’hui un tel rythme ? Beaucoup de drogues, je suppose…
Ah ah ah ! Non, je pense juste que nous sommes inspirés. Relentless Retribution a été spécial parce que nous venions de perdre deux membres importants et nous étions un peu tristes mais pour le nouvel album, comme je te l’ai dit, tout le monde veut tourner et nous n’avons pas été beaucoup chez nous. Du coup, même s’il y a eu des hauts et des bas, la majorité de l’album a été composée sur la route et tu peux donc ressentir cette énergie derrière.

Vous avez de nouveau bossé avec Jason Suecof en studio, vous avez repris le même illustrateur pour la pochette… Cela signifie-t-il qu’aujourd’hui, Death Angel a trouvé sa « dream team » ?
Je pense, oui, car notre but était de faire du nouvel album le petit frère du disque précédent : il a la même nature agressive mais disons que le nouvel album est le mineur de la famille car il est plus fou. Bosser avec Jason était évident car nous sommes très fiers de la manière dont Relentless Retribution sonne et je pense que nous avons réussi à carrément surpasser ce disque. Nous nous connaissons bien maintenant, il sait mieux ce qu’il peut obtenir de nous. Et comme nous voulions faire le frère de l’album précédent, nous avons aussi fait de nouveau appel à Brent Elliot White pour la pochette afin d’obtenir une autre facette de ce loup.

Le ton général de l’album est très thrash, plus encore que sur Relentless Retribution. Est-ce que le fait de jouer en entier votre album The Ultra-Violence sur toute une tournée peut expliquer cette espèce de retour aux sources ?
Je pense que c’est une très bonne chose d’avoir fait ça car le fait de devoir réapprendre à jouer ces titres nous a ramenés à nos racines et nous a rappelés que nous étions au départ un pur groupe de thrash. Du coup, je pense que ça a eu une grande influence sur la composition du nouvel album car celui-ci est vraiment le plus thrash depuis The Ultra-Violence. Tous les groupes devraient faire ça, je pense. C’est drôle parce que quand je lis des interviews à propos du nouvel album de Black Sabbath, Ozzy n’arrête pas de déclarer qu’il a réécouté leur premier album encore et encore pour s’en inspirer. Ça a été une grande leçon pour nous parce que nous avons enfin compris pourquoi The Ultra-Violence est devenu un classique, pourquoi il a influencé autant de monde par le passé et pourquoi il était toujours capable d’être apprécié par la nouvelle génération. Cette nature agressive est remontée sur le nouveau disque. 

DEATH ANGEL

Je vais te dire un truc : j’avais le même âge que vous quand The Ultra-Violence est sorti et je vous remercie vraiment d’avoir joué l’album en entier en tournée l’année passée car le temps d’un concert, j’ai retrouvé mes 17 ans, le pied total ! J’en avais rêvé, vous l’avez fait, merci !
(Rires !). Merci. Tu sais, c’est toujours l’album le plus spécial de ma carrière car c’était notre premier disque, notre bébé et pouvoir fêter son 25ème anniversaire comme ça avec les fans fut vraiment magnifique.

Qu’est-ce qu’on doit comprendre avec le titre de l’album ? Que tes nuits sont cauchemardesques ?
Il revêt énormément de sens, les gens feront leur propre interprétation des paroles mais pour moi, l’idée est de vivre tes rêves et de tout faire pour y arriver : si tu veux gagner le respect de tes pairs, il faut te battre pour y arriver, parfois jusqu’au sang. C’est mon interprétation du titre.

Votre premier titre, « Left For Dead », donne le ton général de l’album… Qui sont les gars « laissés pour morts », vos fans après un concert ? Vous après le studio ?
Ah ah ah, pas mal… Encore une fois, les gens se feront leur idée (Rires !) mais ça parle surtout de la détérioration des relations qui peuvent survenir entre les gens et qui conduit parfois à la rupture. Nous avons connu ça dans le groupe et j’avais encore besoin d’extérioriser ça.

Evidemment, comme toujours, nous n’avons pas eu les paroles avec le promo de l’album, ce qui n’est pas évident quand on n’est pas anglophone… Quels sont les thèmes abordés dans tes paroles cette fois ?
C’est directement influencé par ce que nous avons vécu depuis trois ans en tournée : il n’est pas toujours évident de garder de bonnes relations quand tu es loin de chez toi pendant une telle période. Nous avons su revenir plus forts après les départs d’Andy Galeon (batterie) et de Dennis Pepa (basse), ce qui n’était pas évident car ils étaient deux membres importants, nos frères. Notre triomphe est d’être toujours là aujourd’hui, plus forts que jamais, d’avoir su avancer malgré tout. Tourner pendant trois ans n’est vraiment pas évident car tu n’as pas de temps pour toi, tu es tout le temps à fond, y a de quoi littéralement exploser (Rires !). C’est aussi ce qui rend cet album si agressif… 

Franchement, je ne dis pas ça pour te cirer les bottes mais c’est un très bon album !
Merci, tu sais, Rob et moi avons mis tout ce que nous avions pour le composer et tout le monde s’est sorti les doigts du cul en studio. J’espère que tout le monde l’appréciera autant que toi, mon pote ! 

Vous proposez en bonus une reprise de Black Sabbath période Dio, « Heaven And Hell », sur la version digipack de l’album. Votre version live à Lyon l’année passée avait d’ailleurs été superbe… Qu’est-ce que ce titre représente pour toi ?
Plein de choses ! D’une, j’ai toujours été un grand fan de Dio, que ce soit avec Rainbow, Black Sabbath ou pendant sa carrière solo. La première fois que j’ai entendu ce titre, quand j’étais gosse, ça m’a retourné. De deux, tu peux faire un  parallèle entre le titre et ce qu’on vit dans la vie, les joies et les peines. Et pour finir, Dio a toujours été mon inspiration principale en tant que chanteur. Le jour où il est mort, nous jouions en Belgique et ça m’a détruit. J’ai eu la chance de le rencontrer l’année précédente lors du Bilbao Festival en Espagne, nous avons discuté pendant près d’une demie-heure autour d’une bière et j’ai vu un mec génial, humble. Cette reprise est notre manière de lui rendre hommage. En live, on joue ce titre comme si c’était un des nôtres mais on ne joue que la première partie ; par contre, sur l’album, nous avons tenu à enregistrer le titre entier et je pense que les gens vont l’apprécier car nous n’avons pas trahi la version de Sabbath, juste ajouté la touche Death Angel.  

Sur Killing Season et Relentless Retribution, on trouvait quelques titres acoustiques, en tout cas des titres calmes, où Rob chantait. Ce n’est pas le cas cette fois. Pourquoi ?
Avec Relentless Retribution, nous savions que nous voulions faire un album plus agressif que Killing Season mais nous tenions à faire figurer le titre « Volcanic » dessus car c’est une super chanson. Or, sur le nouvel album, nous savions que nous voulions être encore plus agressifs, donc nous n’avons mis que quelques intros acoustiques, comme on l’a toujours fait, mais pas de titre complet. Rob fait quelques harmonies vocales avec moi, mais il faut voir cet album comme un gros coup de poing américain dans ta gueule (Rires !).

DEATH ANGEL

Penses-tu qu’aujourd’hui, Death Angel serait capable de refaire un album ressemblant à Act III ?
C’est une question intéressante car notre fan-base est maintenant très diverse, sur deux générations, mais ironiquement, nos jeunes fans sont plus nombreux que les anciens. Quand nous nous sommes reformés, ce n’était pas le cas, nous nous sommes appuyés sur nos vieux fans mais maintenant, au bout de quatre nouveaux albums, nous nous rendons compte que les fans se sont renouvelés, ce qui est une bonne chose pour nous. Nous écrivons définitivement pour nous en premier mais nous pensons aussi à la réaction du public en live. Je ne dis pas non pour un autre album à la Act III, je n’ai pas peur de la monstrueuse tâche qui nous attendrait dans ce cas, mais les choses viendront d’elles-mêmes si nécessaire ! 

J’imagine que jouer dans les festivals doit être intéressant mais personnellement, j’ai toujours trouvé Death Angel meilleur dans les clubs. Je vous ai vus plein de fois en festival mais aussi pour votre retour, au Biebob de Vosselaar (Belgique) en 2003 ou encore à Lyon en 2012. Qu’en penses-tu ?
Oh, il m’est impossible de choisir entre les deux ! Jouer en festival devant une marée humaine est incomparable, le sentiment est juste incroyable. Quand j’étais adolescent, je regardais des vidéos de Castle Donington ou du Dynamo et je me disais que ce serait génial de connaître ça un jour. Jouer dans ce genre de festivals aujourd’hui, c’est comme un rêve devenu réalité, tu touches tellement de gens en à peine une heure ! D’un autre côté, quand tu joues dans des clubs, tu vois le visage des gens, tu sues avec eux, tu crèves de chaud mais tu prends surtout l’énergie du public en pleine gueule, c’est intime et j’adore ça aussi.

Tu te souviens du premier gros festival où vous avez joué ?
Ouais, c’était pendant le Frolic Through The Park Tour et on a joué au Roskilde Festival au Danemark. Crois-moi, ça me hante encore ! Ce festival est plutôt divers et les têtes d’affiche étaient Sting et INXS et je me suis demandé ce qui allait nous arriver quand j’ai vu le public (Rires !). Mais dès l’intro terminée et le premier titre entamé, le public est devenu comme fou et ça a surpassé toutes mes attentes. Je m’en rappelle comme si c’était hier… Incroyable souvenir !

A peine le concert à Lyon terminé en 2012, je me souviens que vous avez sauté dans le bus pour partir au Graspop où vous deviez jouer en début d’après-midi, le lendemain. Dommage car c’était la dernière date de la tournée, on aurait pu se marrer ! N’est-il pas frustrant parfois de ne pas avoir le temps de visiter les villes ou de boire une bière au bar avec les fans après le concert ?
Si, carrément. La plupart du temps, nous essayons de consacrer un peu de temps aux fans après les concerts, en allant au merchandising ou au bar. Ce n’est pas difficile de venir nous voir, on ne se prend pas pour des rock stars. Mais comme avec l’exemple que tu as donné, parfois, nous devons nous barrer illico presto et c’est dur car nous tenons aussi à partager des choses avec nos fans et je sais qu’ils sont frustrés quand ce n’est pas le cas. On a voyagé partout dans le monde et parfois, on tombe sur des fans alors qu’on ne s’y attend pas du tout, genre entre deux barres d’immeubles miteux (Rires !). C’est marrant aussi, ce genre de trucs. Voir que des gens apprécient notre musique aux quatre coins du monde, c’est aussi un rêve devenu réalité. Nous aimons particulièrement l’Europe et à chaque fin de tour, dès que c’est possible, on prend quelques vacances sur place pour aller chez des potes, car depuis plus de vingt-cinq ans, il est évident que nous avons noué des liens privilégiés avec beaucoup de personnes dans différents pays. C’est cool…

Bon, on vous revoit quand en Europe alors ?
Je sais que nous devons faire quelques festivals aux alentours de Noël et on devrait revenir pour une tournée complète en janvier / février. Evidemment, on sera des festivals d’été 2014 aussi car cette année, comme nous devions enregistrer l’album, on n’en a pas faits beaucoup…

Euh, tu ne prends jamais de vacances ?
(Rires !). Rarement, rarement ! Mais c’est notre vie et je ne l’échangerais pour rien au monde !

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter maintenant que l’album va sortir ?
J’espère juste que les gens vont apprécier la direction encore plus agressive prise par cet album, la passion que nous y avons mise et j’ai hâte de voir ce que ces titres vont donner en live..

Merci pour ton temps. Un dernier mot pour les fans français ?
Merci à toi, déjà, pour le support depuis toutes ces années. Oui, j’ai un truc à leur dire : l’album sort en octobre et c’est notre album le plus thrash et le plus vicieux depuis The Ultra-Violence et je suis sûr que vous ne serez pas déçus ! Venez nous voir en concert si vous ne nous avez jamais vus, vous ne ressortirez pas indemnes (Rires !).


DEATH ANGEL - The Dream Calls For Blood
Nuclear Blast / Pias

Site : www.deathangel.us