Interview GOJIRA Mars / Avril 2014

Salut Mario ! Peux-tu nous expliquer ce qui vous a poussés à faire ce DVD où vous ne présentez qu’un seul show en particulier ?
C’est assez simple : on était sur la tournée de notre cinquième album, L’Enfant Sauvage, depuis un an et demi, et on savait qu’on allait avoir ce concert à la Brixton Academy de Londres en avril. Pour nous, c’était un évènement assez important et après en avoir discuté, on s’est dit qu’il fallait immortaliser ce concert. A ce moment-là, ça faisait un moment qu’on jouait les morceaux, on était très à l’aise sur scène, les lumières et le son étaient bien calés, c’était donc le bon moment. L’idée était que ce concert soit le symbole de la tournée. On a donc dit à notre label qu’on voulait enregistrer le concert et ils ont été d’accord.

Le DVD ne se résume toutefois pas qu’au concert. Tu peux nous expliquer ?
Alors, il n’y a pas de documentaire vidéo car on a plutôt eu l’idée de faire un livre. La raison est que nous sommes simplement tous très branchés sur le côté graphique dans le groupe. On adore ça ! Un livre a une autre énergie que tout ce qu’on peut voir en vidéo ou écouter en audio, sur Internet ou autre. Personnellement, je prends beaucoup de photos en tournée, mon frère aussi, et on avait donc beaucoup de matière. J’avais plus de mille clichés pris aux quatre coins de la planète, surtout des paysages car j’adore capter tout ce qui m’entoure. On a tellement de chance de pouvoir autant voyager qu’il serait dommage de ne pas en profiter pour en tirer quelque chose d’artistique, mon frère étant dans la même démarche.
Nous avons donc décidé de faire ce livre, qui est attractif, un bonus original, un objet que tu peux poser dans ton salon quoi (Rires !). On en a parlé au label, et en famille, avec mon frère et ma sœur qui est photographe professionnelle, et qui travaille le noir et blanc comme personne, nous avons sélectionné soixante clichés. Nous en avons ensuite retravaillés quelques-uns pour les rendre exploitables. Choisir seulement soixante photos sur plus de mille n’a pas été très simple et on a donc voulu varier les ambiances ; au final, l’objet est très joli, nous sommes ravis.

Il faut quand même que tu nous parles de cette tournée que vous avez faite avec Slayer aux Etats-Unis…
Déjà, moi, je mesure toujours la chance qui m’est donnée de pouvoir faire ce qu’on fait avec Gojira. Quand j’avais treize ans, mon rêve de gamin était de faire comme Sepultura, de jouer partout. A trente-deux ans, je me retrouve à jouer avec Slayer, à côtoyer des gens qui ont révolutionné le metal ! C’est un sentiment incroyable et de plus, voyager, ça ouvre l’esprit. D’aller en Inde, aux USA, en Norvège, partout, c’est incroyable. Ça fait peut-être cliché de dire ça mais je suis sincère : quand on revient chez soi, on a une spatialisation qui est différente dans notre tête et dans nos âmes. J’adore les tournées ! Certes, ça a parfois un côté éreintant mais je n’ai même pas envie de parler des points négatifs tant ce qui nous arrive est énorme !

Justement, quand on s’appelle Gojira, qu’on a atteint un tel statut de notoriété, qu’on est reconnu à l’étranger, comment fait-on pour pouvoir aller encore plus haut quand on sort un nouvel album ?
Je crois qu’on arrive à progresser quand on reste sincère envers soi-même et qu’on joue vraiment ce dont on a envie. Le piège, quand tu es bien connu, que tu as un son bien défini, c’est d’utiliser toujours la même formule. Pour le prochain album sur lequel on a commencé à travailler, on essaie de ne pas réfléchir à tout ça : on essaie juste de créer les choses dont on a envie aujourd’hui. Aller plus haut, c’est sortir quelque chose qui vienne des tripes ! Qui ne soit pas trop mentalisé… On part dans une direction qui est un peu différente mais on n’est pas encore allé assez loin dans les répètes pour avoir assez de recul pour bien analyser. Surtout pas de prise de tête par rapport à l’attente des gens sinon on n’arrive à rien !

Tu ne veux pas quand même nous donner quelques indications ?
Tu sais, moi, dans le groupe, je suis le mec qui parle toujours trop tôt, qui fait écouter les démos à ses potes car j’ai besoin d’avoir un retour, un ressenti. Là, c’est trop tôt mais je dirais quand même qu’il y a beaucoup de mélancolie, que c’est plus aéré et dynamique à la fois. L’Enfant Sauvage est un album assez lourd, presque binaire. Ici, je trouve qu’on retrouve plus de dynamique mais quand je te parle de ça, je ne pense pas forcément de rapidité : on utilise d’autres tempos, des trucs plus « cardiaques » à la limite. Il y a une autre couleur, je dirais. Il est composé à 75 % mais je ne sais pas encore exactement quand il sortira, fin 2014 ou tout début 2015...

Maintenant que vous avez traversé le globe en long et en large, certaines dates ont dû te marquer plus que d’autres, non ?
Plusieurs villes me reviennent en tête mais curieusement, les deux dates qu’on a faites au Bataclan à Paris, en avril dernier, m’ont vraiment marqué. Tu sais, on vient des Landes, on reste des gens assez simples et jouer deux concerts à Paris, au Bataclan, pour moi, c’est le top ! Le public était génialissime, ça reste un souvenir très fort.
On a aussi fait une date à Los Angeles où il y avait plein de stars dans les backstages : Slash est venu nous voir, Steve Vai aussi, des mecs de Metallica, de Deftones… C’était un truc de fou ! Nous, après le concert, dans les loges, on était là, habillés comme des bouseux avec nos pulls pourris (Rires !), on ne ressemblait à rien et il y avait toutes ces stars pimpantes autour, qui étaient venues rien pour nous parce que Gojira a le vent en poupe là-bas. Le décalage entre eux et nous était marrant mais ça reste un souvenir assez incroyable !
Et pour finir, la Scandinavie est terrible pour les concerts metal parce qu’il y a un côté glacial qui me fascine pas mal, et en même temps, ça reste chaleureux. Je suis fasciné par la gueule des gens là-bas, ils ressemblent tous à des elfes mystiques (Rires !). Le public comprend parfaitement les codes du metal, la connexion est totale.

Comment tu vois la scène française aujourd’hui ?
On tourne à l’étranger comme des fous depuis 2006 et au début, personne ne nous connaissait. Là, plus on croise des gens, plus on se rend compte que des groupes français sont connus. La scène française est aujourd’hui respectée. On me parle souvent de la scène black metal française, de groupes que je ne connais parfois même pas. C’est beaucoup moins marginal qu’avant, il y a une véritable explosion artistique. Par exemple, lors de la tournée avec Slayer, Gary Holt (guitares) me faisait écouter des groupes français qu’il avait dans son Ipod et que je ne connaissais même pas. Pas l’air con (Rires !).

Tu penses que vous êtes les précurseurs de ça ?
Je ne sais pas… Peut-être qu’à force de rabâcher « Gojira - France, Gojira - France », les gens se sont peut-être dit qu’il y avait des bons groupes chez nous, qu’il se passait un truc. Ces derniers temps, je vois vraiment la différence dans le regard des gens quand on parle de groupes français.

As-tu un message particulier à faire passer à vos fans ?
Oui. Merci à tous les gens qui soutiennent Gojira et pour revenir au DVD, c’est un live qu’on prend plaisir à regarder et à écouter. Plus ça va, plus je dirais qu’on atteint le « 100 % » de taux de satisfaction par rapport à la manière dont on sonne, à la synchronisation des images et du son : plus on avance, plus on se professionnalise et ce DVD est vraiment très agréable. Ceux qui ont envie d’y jeter un coup d’œil et d’avoir en plus le livre en bonus, n’hésitez pas, c’est vraiment un bel objet. Et merci à Metallian, qui a été le premier magazine à chroniquer notre démo Possessed en 1996 et à y mettre cinq bombes ! Ma mère avait acheté une dizaine d’exemplaires pour en filer à tout le monde : il y avait une pile sur la table et on était hyper fier ! J’étais méga fan du magazine quand j’avais 13 / 14 ans, je tannais toujours ma mère pour qu’elle l’achète… Bravo pour votre parcours. Vous êtes toujours là au bout de vingt-trois ans, c’est juste énorme !

GOJIRA – Les Enfants Sauvages DVD
Roadrunner Records

Site : www.gojira-music.com

Bande de sauvages ! Au vu de la renommée internationale atteinte aujourd’hui par le groupe, toute sortie d’un nouveau produit par nos petits protégés de Gojira devient un évènement incontournable dans la sphère metal. Nous avons donc contacté Mario Duplantier, le batteur, afin qu’il nous parle du nouveau DVD live du groupe, Les Enfants Sauvages, qui a la double particularité de n’être distribué que sur le site du groupe et qui sort accompagné d’un livre de photos prises par les membres eux-mêmes lors de leurs pérégrinations aux quatre coins de la planète. Un « must have » pour les fans dont nous devions vous parler… Interview parue également dans le Metallian 82 de mars / avril 2014 (complète ici)
Entretien avec Mario Duplantier (batterie) par Will Of Death
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