ORIGIN


Death metal Gods… 



A force d’écumer toutes les salles de concerts du monde entier, et surtout grâce à un travail de tous les jours pour améliorer leur technique hallucinante, les Américains d’Origin sont parvenus à entrer au panthéon des meilleurs groupes de brutal death metal de la planète. Leurs albums sont encensés par les fans, et ce n’est pas le tout dernier, Omnipresent (qui voit pour la première fois Jason Keyser, transfuge de Skinless, officier derrière le micro), qui va nous faire changer d’avis ! Justement, Jason et Paul Ryan, fondateur du groupe, nous en disent plus sur le dernier rejeton.

Interview parue également dans le Metallian 84 de Mai / Juin 2014


Entretien avec Jason Keyser (vocals) et Paul Ryan (guitares) par Will Of Death
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Votre album sort chez Nuclear Blast en Amérique et Agonia Records en Europe, alors que ce sont deux labels concurrents… C’est assez bizarre. Tu peux nous expliquer ?
Jason : Je ne dirais pas qu’ils sont concurrents. Je pense que la confusion vient de la différence entre Nuclear Blast USA et Nuclear Blast Europe. Les deux ne fonctionnent pas de la même manière et ont leurs propres groupes et agendas. Nuclear Blast Europe, autant que je sache, s’oriente de plus en plus vers le rock metal et n’était plus à même de bien pousser Origin autant que nous le souhaitions. Dans le même temps, nous avons de très bonnes relations avec Nuclear Blast USA, qui est à 100% derrière le nouveau disque. Nous devions être sûrs d’avoir une distribution mondiale complète, et c’est la raiosn pour laquelle nous avons choisi de travailler avec les Polonais d’Agonia Records pour l’Europe, car ils font un travail fantastique pour nous. 

Omnipresent est votre sixième album. Aviez-vous une idée directrice au moment de la composition, un thème récurrent que vous vouliez explorer ? Quel sens revêt le titre pour vous ?
Le titre lui-même provient de blagues récurrentes au sein du groupe. Principalement, nous aimons penser qu’Omnipresent représente bien l’entité musicale Origin, qui ne se limite pas qu’à un seul style, et l’album montre à cet égard une vaste gamme de genres. Nous avons voulu montrer qu’Origin ne se limitait pas qu’à l’hyper vitesse. Même si nous aimons particulièrement ça, nous sommes aussi capables de tout écraser avec des riffs plus lourds. Un autre aspect d’Origin est que nous vivons tous très éloignés l’un de l’autre, ce qui a pour effet de rendre le processus de composition très frustrant. John et moi-même vivons à New York, Mike dans le Kansas et Paul en Californie. Donc, sur scène, on aime bien déconner, et au lieu de dire « Nous sommes Origin, de Topeka, Kansas », nous disons plutôt « Nous sommes Origin, de partout », et c’est vraiment ça en plus…

Quels sont les thèmes abordés dans cet album ? Certains titres comme « Thrall_Fulcrum_Apex » ou « Source Of Icon O » semblent assez énigmatiques pour les Frenchies que nous sommes…
L’album comporte un thème central, celui de la « misanthropie galactique », ou de la capacité de l’Homme à s’autodétruire, si tu veux. C’est ce que j’avais en tête et j’ai été aussi beaucoup influencé par les « comic books » de science-fiction. Comme je ne voudrais pas trop casser l’effet de surprise, que ce soit "Thrall:Fulcrum:Apex" ou Source Of Icon O", à vous de découvrir ce qui m’a influencé pour écrire ces titres…     

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Un des gros problèmes des groupes de brutal death metal est de parvenir à se renouveler, voire à se diversifier, afin que l’auditeur parvienne à différencier les titres. Aviez-vous ça en tête au moment de la composition ?
Carrément ! Paul se fait un devoir de ne jamais écrire deux fois le même album et de diversifier son propos, pour surprendre les gens, même si au bout du compte, ça reste toujours extrême. Heureusement, il n’y a pas de vocaux clairs ou de breaks « sentimentaux » ; à la place, du doom, du black metal et même du bon grindcore « old school » propice au moshpit. Nous essayons de rester intéressants.

Maintenir un tel niveau technique vous demande-t-il beaucoup de travail, d’entraînement ?
La pratique est évidemment cruciale mais en ce qui nous concerne, c’est un travail individuel puisque nous n’habitons pas au même endroit. Par bonheur, Origin est un groupe constitué de professionnels confirmés et nous n’avons pas besoin de six mois de répétitions avant de partir en tournée. En fait, c’est même pire que ça : nous ne répétons jamais avant les tournées et les premiers concerts sont toujours un peu approximatifs, je m’en excuse auprès des fans. Sur la route, Paul et Mike jouent constamment, John s’échauffe au moins pendant une heure avant chaque concert. Quant à moi, mon seul but est de boire suffisamment avant de monter sur scène pour être à fond et m’éclater (Rires !).   

Mike Flores est selon moi un des tous meilleurs bassistes au monde. Ce mec est juste infernal de technique et de précision en live et pourtant, il n’est jamais cité parmi les meilleurs bassistes du death metal. Cela te paraît-il injuste ?
C’est une de nos blagues préférées en tournée : ses doigts bougent si vite sur son manche qu’on se dit à chaque fois que sa femme doit être la plus heureuse du monde (Rires !). Mais oui, je suis d’accord avec toi, il n’est pas assez reconnu dans la scène pour ce qu'il fait. C’est bon de le regarder jouer chaque soir : il est concentré, il ferme les yeux, reste calme dans son expression, alors que dans le même temps, ses mains vont à toute vitesse ! S’il y a bien une chose où Origin ne s’est jamais fourvoyé, c’est en ce qui concerne les relations publiques : nous ne prenons pas de photos qui pètent, ne travaillons pas notre look. Pour un groupe de notre niveau, nous restons underground, et personne ne nous force à être dans tel ou tel magazine si nous n’en avons pas envie. Par contre, ceux qui connaissent bien la scène underground savent à quel point Paul, Mike et John sont bons, et sont même des dieux dans leur style. Il y a même des gens qui ne sont pas forcément branchés metal extrême et qui viennent quand même à nos concerts, juste pour admirer leur technique.   

Qu’est-ce que l’arrivée de Jason Keyser a changé dans le groupe ? Et pourquoi en 2011 avez-vous ressenti le besoin de faire appel à lui ?
Paul : Jason a renforcé le côté interactif du groupe par rapport au public. Avant, c’était plus une représentation visuelle de musiciens en train de pratiquer leur instrument. Maintenant, le public rentre plus dans la musique. Après avoir enregistré Entity, j’ai vraiment senti que nous avions besoin d’un « frontman ». J’ai senti que si nous ne restions qu’à trois sur scène, nous allions devenir chiants à regarder. Je l’avais déjà vu évoluer de nombreuses fois avec Skinless, et il est professionnel.  

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Depuis Entity, il n’y a plus qu’un guitariste sur album et surtout en live. Cela te semble-t-il vraiment un format plus simple pour Origin alors qu’en live, notamment sur les solos, ça peut paraître « léger » ?
En fait, nous avons tourné à quatre jusqu’en 2006. L’album Antithesis a même été pensé et enregistré à cinq mais nous n’avons jamais donné de concerts sous ce format. Nous avons une très solide section rythmique basse / batterie, et franchement, à eux deux, ils se suffisent. Pas besoin d’un autre guitariste…

Ça fait plus de 15 ans qu’Origin s’est fait connaître… Quel regard portes-tu sur votre carrière ?
Un effort infini, et ce n’est pas prêt de s’arrêter ! La mentalité du groupe est toujours de tout écraser en concert. Le jour où ce ne sera plus le cas, on arrêtera…

La pochette est très sympa… On y voit un homme tomber dans un trou infini. Cela signifie-t-il qu’il n’y a plus aucun espoir pour l’humanité ?
Jason : C’est exactement là où nous voulions en venir. Pour la pochette, nous avons de nouveau travaillé avec Colin Marks, qui s’était déjà occupé de l’artwork d’Entity. Il y avait sur cette pochette un sentiment minimaliste et froid et nous voulions continuer dans cette voie de désespoir, mais à plus grande échelle, à savoir quelque chose qui soit bien  supérieur à l’Homme. Ces forces abstraites nous entourent continuellement et peuvent en même temps nous détruire. Il a suffi de ne donner à Colin que quelques phrases pour qu’il parvienne à exprimer exactement ce que nous recherchions. Cette pochette est en parfaite adéquation avec les thèmes abordés dans ce disque.

Vous allez tourner en Novembre avec ABORTED, EXHUMED et MIASMA, avec notamment quatre dates en France. A quoi peut-on s’attendre ?
Nous connaissons très bien Aborted et Exhumed, donc nous savons déjà que nous allons bien nous marrer lors de cette tournée. Un groupe heureux dans un tour bus est un groupe qui déchire tout sur scène. Nous allons indubitablement envoyer la purée comme il est de coutume avec Origin, et d’ici là, je vais apprendre quelques mots en Français pour mieux communiquer avec le public quand on sera chez vous. Peut-être boirons-nous aussi un peu... Non, en fait, on va beaucoup boire (Rires !).  

Les mecs, merci pour vos réponses, et encore bravo pour ce terrible album. Un dernier mot pour les fans ?
Paul : Si vous vous attendez à écouter le même album que précédemment, alors réécoutez nos vieux trucs. Origin 2014, c’est Omnipresent et il va falloir vous adapter ! 
Jason : Restez brutaux et salut à l’Espace !
   


ORIGIN – Omnipresent
Nuclear Blast


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