SADIST

Saga Africa, ambiance de la brousse...



Les Italiens de Sadist ne sont pas un groupe comme les autres, ça, on le savait. Leur techno death prog de haute volée les place d’emblée dans une catégorie à part, et ce n’est pas leur dernier album concept centré sur les mauvais esprits Africains véhiculés par ce terrible animal qu’est la hyène, qui nous fera changer d’avis. Un album impressionnant et surtout atypique qui méritait donc que nous contactions Trevor Nadir, le chanteur, pour en savoir un peu plus…  

Interview parue également dans le Metallian 91 de Sept. 2015
(complète ici)


Entretien avec le Trevor Nadir (vocals), par Will Of Death
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Sadist s’est reformé il y a juste dix ans. Comment juges-tu cette deuxième partie de votre carrière ?
Jusqu’à ce que nous prenions une pause pour réfléchir un peu, chacun d’entre nous était dévoué à Sadist. Nous avons juste attendu le bon moment, il y a dix ans, pour revenir plus forts et motivés que jamais. Nous savions que beaucoup de fans attendaient ça et c’est aussi ce qui nous a poussés à l’époque à revenir. Le premier album après notre retour fut Sadist, un chapitre très important de notre carrière, car la réponse fut incroyable et nous prîmes part à de nombreux festivals en Europe. Tout se passa d’ailleurs au-delà de nos espérances. Pour être honnête, les dix dernières années ont été meilleures que toutes les années précédant le split, mais nous espérons que le meilleur reste encore à venir.  

Pourquoi avoir donc attendu cinq ans pour sortir ce nouveau disque ?
Cinq ans, franchement, ce n’est pas de trop ! Jusqu’en 2013, nous avons promu Season In Silence, un album qui a été très bien reçu et qui nous a permis de jouer dans de nombreux pays. Après la tournée en Angleterre, nous nous sommes mis à l’écriture de nouveaux titres, en réfléchissant à la fois à la musique et au concept. Ecrire de la musique dans notre style n’est pas chose aisée, et tant que des choses ne nous plaisent pas, nous ne sortons rien. Une chose est certaine, pour le prochain disque, nous essaierons d’être plus rapides.

Quand on évoque Sadist, on pense à un death metal expérimental et progressif. Est-ce que l’album est toujours dans cette même veine ? Avez-vous expérimenté de nouvelles choses ?
Hyaena est certainement le meilleur album du groupe à ce jour. Nous avons tous beaucoup plus d’expérience, nous sommes capables de faire des choix qualitatifs. Chaque album de Sadist est différent, même si la marque de fabrique du groupe est reconnaissable. Nous sommes vraiment satisfaits, heureux, d’avoir créé ce nouvel album. Ça faisait longtemps que nous réfléchissions à ces sons, à ce concept sur les animaux féroces, leurs habitudes de chasse, la vie du troupeau, et les batailles avec les éternels ennemis. Les fans peuvent s’attendre à un album typique de Sadist, avec tous ses composants musicaux : cet album est un mélange divers de sons, d’atmosphères brutales typiquement death metal, de prog Italien et Européen, d’ethnique, de tribal, qui se réfèrent au concept de l’album, à la recherche d’un langage musical alternatif.  

Quelles sont toutefois les grosses différences, entre ce nouvel album et ce que vous avez proposé auparavant ?
Hyaena est recherché, c’est un disque très impressionnant, dynamique mais en même temps uniforme. Nous avons utilisé des instruments ethniques. De nouveau, Tommy s’est servi d’instruments atypiques pour le metal comme un sitar, un oud, un bouzouki, et nous avons l’honneur d’avoir sur cet album Jean N’Dyaye, un incroyable percussionniste Africain, qui a enrichi notre travail avec sa personnalité éclectique. C’était notre intention de faire quelque chose d’original, qui sonne différemment des albums précédents, tout comme le contenu au niveau des paroles est très différent. Nous sommes certains d’avoir écrit le meilleur album de notre carrière. Ce nouveau disque est sans aucun doute le plus mature du groupe d’un point de vue musical, mais pas seulement. Tout a été étudié en détails, que ce soit le studio, les illustrations de Luca Orecchia, l’artwork de Manuel Del Bono, le clip de “The Lonely Mountain”, où le groupe a collaboré avec Darya Korneeva, ou encore les photos avec Svetlana Fomina. L’album sortira sous trois formats, boîtier cristal, digipack et vinyle. Pour cette raison, nous avions besoin qu’un travail professionnel soit réalisé. 

SADIST

Beaucoup pensent que les musiciens metal n’écoutent que cette musique, ce qui est souvent faux. Mon impression, quand j’écoute Sadist, c’est que vous êtes très ouverts d’esprit...
C’est vrai. Chacun d’entre nous écoute des musiques différentes, même si évidemment, le metal reste notre principale influence. Mais les musiciens sont comme des éponges : le fait d’écouter d’autres choses ne peut que leur être bénéfique. Ceci dit, Hyaena est né de manière très spontanée, même si nous avons écouté des choses particulières. Nous voulions juste écrire un bon album, sans penser à la manière dont il devait sonner. Nous avons essayé de le rendre aussi homogène que possible, quelque chose qui soit cohérent entre les paroles et la musique. Les thèmes sont brutaux, parfois réflexifs, naturels, parfois mélancoliques, donc la musique est une succession de hauts et de bas, un mélange d’émotions. Nous sommes très confiants quant au fait que les auditeurs ne vont pas s’ennuyer.   

Le premier titre du disque, “The Lonely Mountain”, m’a instantanément fait penser à l’album The Sound Of Perseverance de Death, d’un point de vue musical et vocal... Est-ce quelque chose dont vous avez été conscients au moment de son écriture ?
Comme je l’ai mentionné auparavant, nous n’avons rien calculé. Nous avons juste écrit de la musique heavy, avec le cœur. Death représente quelque chose de très important pour le metal et nous tous. Et franchement, la comparaison est flatteuse, car si tu as eu cette impression, ça signifie que nous avons fait quelque chose de bien ! “The Lonely Mountain” est un parfait morceau d’ouverture, car nous sommes conscients qu’il saute immédiatement au visage de l’auditeur. C’est un très bon titre, puissant, très technique et brutal au niveau des paroles.  

Peux-tu détailler un peu le concept Africaniste de l’album ?
Je crois que l’Afrique est un continent charmant, mais malheureusement, au fil des années, les Européens l’ont exploité, et les gens là-bas en souffrent. Le charme de ce continent passe par ses coutumes, sa musicalité, ses rythmes. Les musiciens là-bas expérimentent beaucoup, raison pour laquelle de nombreux musiciens se sentent proches de cette terre. Hyaena forme un tout, avec des situations qui émergent des tribus africaines, parle de la coopération des hyènes et des vautours, annonce la fin des grands herbivores, ceux qui parcourent les plaines. Sadist est un groupe de techno death metal, absolument, mais nous aimons également le prog italien des années ’70 et la musique ethnique. Par le passé, nous avons expérimenté pas mal d’instruments ethniques mais le nouvel album n’est pas un album à propos de l’Afrique : c’est un concept centré sur un de ses plus gros prédateurs, la hyène, qui vit en Afrique.

Que dit le gars Africain au début du titre “The Devil Riding The Evil Steed” ?
Il dit que le Diable vient la nuit, chevauchant une hyène, et que les hyènes sont chargées d’emmener les corps. Après la mort, les yeux des défunts se transforment en pierre, et les sorciers Zambèses, dévoreurs d’hommes, prennent la forme d’une hyène. Il apparaissent ainsi aux morts, qu’ils mordent et taillent en pièces. Autour du feu de camp, ils sacrifient une jeune chèvre, brûlent les restes putrides des zombies, et font cuire de la viande fraîche pour le dernier repas. Tout ceci est dans “The Devil Riding The Evil Steed”.

Tommy a produit une nouvelle fois cet album. C’est très bien, mais le risque, quand on produit soi-même son album, est de ne jamais le finir !
Tommy est un membre fondateur du groupe, il sait donc mieux que quiconque de quoi Sadist a réellement besoin. L’avoir comme producteur au Nadir Music Studio ne signifie pas travailler lentement, mais au contraire aller droit au but. Il est devenu au fil du temps un excellent producteur metal. Nous sommes tous très respectueux de son travail, car c’est un perfectionniste, il sait comment travailler, nous ne voyons donc pas pourquoi nous irions voir ailleurs. Produire son propre album est un risque, certes, et aussi une grande responsabilité, qui requière que tu donnes le meilleur de toi-même. 

SADIST

Que penses-tu de cette nouvelle vague de death metal technique, avec des groupes comme Beyond Creation ou Obscura ? Y a-t-il des formations qui t’aient impressionné dernièrement ?
Ces dernières années, de terribles albums dans ce style sont sortis. J’aime particulièrement Cosmogenesis d’Obscura. Nous sommes amis avec eux : Tommy a joué un solo sur Omnivium, et Jeroen Thesseling, leur ex-bassiste, est un bon pote également. J’ai d’ailleurs un projet en route avec lui et Romain Goulon, le batteur français de Necrophagist, appelé Nufutic. Un de ces jours, on sortira certainement un album. Parmi les autres groupes dans le style qui me plaisent bien, il y a vos compatriotes de Gorod, et nos potes italiens de Will'O'Wisp. Il fut un temps où notre style était tombé en désuétude, mais il est dorénavant plus vivant que jamais...

Ça fait un moment que nous ne vous avons pas vus sur scène. Quels sont vos projets ?
Pour la sortie de Season In Silence, on a beaucoup tourné jusqu’en 2013. Nous espérons donc que le nouveau disque va nous permettre de faire autant de concerts. Nous savons que les temps sont durs, et que le marché est saturé. Nous ne sommes plus des gamins, nous ne nous berçons plus d’illusions. Notre but est de toucher le plus grand nombre possible de personnes avec notre album, car comme je l’ai dit, c’est certainement la meilleure chose que nous ayons produite. Notre agence de booking est en train de caler les premières dates. J’espère que nous reviendrons vite en France, et pourquoi pas au Hellfest, qui est un des meilleurs festivals en Europe auquel nous ayons participé. L’organisation est toujours au top, et nous avions été très bien accueillis. 

Un dernier mot pour les fans français ?
Nous avons chez vous de nombreux amis, et beaucoup de fans. Je suis sûr que ces gens vont continuer de nous suivre après avoir écouté Hyaena car nous avons mis beaucoup de temps et d’énergie dans sa réalisation.  Nous en sommes totalement satisfaits : ce disque est brutal, très technique, dynamique, avec des références de prog européen, et avec l’utilisation d’instruments atypiques pour le metal, qui l’ont passablement enrichi. S’il y a bien des pays francophones où nous sommes impatients d’aller, c’est la France, la Belgique et le Canada... 

Merci pour tes réponses, et à bientôt !
Merci à toi pour cette interview. Et salut à tous les lecteurs de Metallian et à son staff. Stay brutal !!!
 

SADIST – Hyaena
Scarlet Records


Site : www.sadist.it