Intw GOD DETHRONED Mars 2017

Avant de te parler du nouvel album, revenons un peu sur Under The Sign Of The Iron Cross. Comment juges-tu l'accueil qu'il a reçu? Dans tous les cas, ici, on avait adoré !
Under The Sign Of The Iron Cross avait été très bien reçu par la Presse, étant propulsé à plusieurs reprises au statut d'Album du Mois. Un magazine Espagnol l'a même élu Album de l'Année ! Cet album était très agressif mais aussi suffisamment varié pour être encore aujourd'hui intéressant.

God Dethroned a eu à subir de très nombreux changements de personnel tout au long de sa carrière. Comment l'expliques-tu ? Et est-ce en partie ça qui t'a fait jeter l'éponge en 2012 ?
Je ne dirais pas qu'il y en a eu tant que ça. Tu sais, nous avons été sur la route pendant longtemps et tout le monde ne peut se permettre de rester loin de chez lui tout le temps. Quand quelqu'un quitte un groupe alors que des dates sont prévues, il faut trouver un remplaçant rapidement, alors que tu ne sais pas si tu recrutes vraiment la bonne personne. Jouer de la musique est une chose, mais partager un tour bus ou un van dans une certaine promiscuité pendant plusieurs jours voire semaines en est une autre. Mais ce ne fut pas la raison du split en 2012. J'avais juste besoin de remettre de l'ordre dans ma vie personnelle.

Finalement, seuls Michiel v.d. Plicht et toi êtes confirmés comme membres officiels… D'autres musiciens ont-ils participé à l'album ?
Notre line-up est au complet aujourd'hui mais nous avons pris le temps de tester les gars pendant un an ou deux avant d'officialiser leur place. Maintenant, je peux heureusement affirmer que Mike Ferguson (guitares) et Jeroen Pomper (basse) sont parfaitement intégrés au groupe pour le live, et que nous ne devrions normalement pas changer de personnel de sitôt.

Qu'est-ce qui t'a décidé à remettre la machine en route, finalement ? L'envie irrépressible de terminer la trilogie sur la Première Guerre Mondiale entamée avec Passiondale ?
Je me suis surtout rendu compte que je ne pouvais pas vivre sans jouer de musique. Quand nous avons splitté en 2012, je n'étais déjà pas sûr d'avoir juste besoin de faire un break ou de tout arrêter. Maintenant, je sais que je devais faire ce break, et une fois la machine remise en route, j'ai tenu à terminer cette trilogie.

Passiondale traitait de la Première Guerre Mondiale, et de la bataille d’Ypres en particulier. Pour Under The Sign Of The Iron Cross, tu t'étais beaucoup inspiré du livre de Ernst Juenger, Storm Of Steel, traitant notamment de la vie dans les tranchées… Là, de quoi cela parle-t-il ? Sont-ce des histoires séparées ?
Les paroles du nouvel album traitent de différents thèmes autour de la guerre. "The 11th Hour" parle par exemple du jour final de la guerre, le 11 Novembre, car l'armistice fut signé à 11 h. Ce fut un acte symbolique. Le pire dans cette histoire, c'est qu'en réalité, l'armistice a été signé à 5 h du matin, mais n'a été annoncé qu'à 11 h, et pendant ce laps de temps, vingt mille soldats furent encore tués dans des combats totalement inutiles !
"Messina Ridge" parle de la crête de Messines, une colline que les Alliés ont pulvérisée en 1917 pour percer le front vers Passchendaele. Dix-neuf mines furent placées sous les défenses allemandes par les soldats Anglais, et ce fut la plus forte explosion créée par l'homme, jusqu'à ce que les USA fassent exploser la première bombe nucléaire Trinity, dans le désert du Nevada, en Juillet 1945, juste avant Hiroshima et Nagasaki.
"Escape Across The Ice" parle du déclin de l'Empire Russe durant la guerre, etc. Il y a tant de thèmes intéressants à explorer…

Ecrire un album historique demande de bien se documenter. Comment as-tu travaillé cet aspect des choses ?
J'ai beaucoup lu en effet, notamment sur Internet. Le challenge est d'écrire des paroles qui sonnent bien, tout en étant correctes d'un point de vue historique. Pour les deux précédents albums sur ce thème, les gens m'avaient félicité pour mes paroles, j'espère qu'il en sera encore de même cette fois.

La Première Guerre Mondiale s’est déroulée il y a un siècle. Selon toi, pourquoi cette guerre a-t-elle laissé autant de traces dans notre esprit ? Parce que c’était peut-être la première guerre « mécanique » ? Mais en même temps, penses-tu que la nouvelle génération en ait encore quelque chose à faire ?
Je pense que cette guerre est méconnue pour beaucoup de gens. Beaucoup de choses se sont passées sur les no man's land, entre les tranchées. Beaucoup de pays furent concernés mais les combats sont restés très concentrés le long de la ligne de front française et belge. Alors évidemment, cette guerre a laissé chez vous de nombreuses cicatrices dans les familles et a eu un gros impact, mais pour les autres, ça paraît très abstrait. Ce fut la première guerre où des millions de personnes moururent, on l'a appelée la "der des der", et pourtant, à peine vingt ans plus tard, ça recommençait…

Es-tu déjà allé sur place visiter certains mémoriaux ou champs de bataille de la Première Guerre Mondiale ? Si oui, qu'as-tu ressenti ?
Oui, j'ai visité la plupart des cimetières autour d'Ypres et Passchendaele, ainsi le musée de la guerre, et pour te dire la vérité, ça m'a littéralement scotché. Il est difficile de faire face à la réalité et à l'intensité de cette guerre.

Musicalement parlant, cet album est très varié, avec des passages très brutaux et d'autres plus mélancoliques et mélodiques. Le but est-il de se mettre dans la peau de personnages ? De ressentir par exemple leur douleur ?
Oui, c'est exactement ça. La musique colle avec l'atmosphère et les paroles de chaque chanson. Certains titres parlent des émotions, de la douleur et de la peur ressenties par les soldats, comme "Breathing Through Blood". En général, j'ai une certaine image en tête, ensuite je pense à un titre qui colle bien, et j'écris la musique qui va avec. Cette manière de fonctionner me permet d'écrire des chansons totalement cohérentes, qui ont du sens, à la fois musicalement et au niveau des paroles.

On a déjà parlé du thème du titre "The 11th Hour" donc on n'y reviendra pas, mais à l'instar de la chanson "On Fields Of Death & Desolation" sur Under The Sign Of The Iron Cross, celle-ci est lente et fait penser à une sorte de marche funéraire, avec un solo très prenant… C’était aussi ton idée ?
Oui. Puisque cette chanson représente la fin de la guerre, il fallait qu'elle ait un feeling spécial, montrant qu'il se passait quelque chose d'une grande importance, quelque chose de puissant. Le solo final, cathartique, donne une sensation de victoire, et la sensation que tout est enfin terminé, avec la mélancolie nécessaire pour rendre hommage aux disparus.

J’ai trouvé que la production du nouvel album était très dynamique et bien claire… Comment se sont passées les sessions studio, avec qui avez-vous travaillé ?
Nous avons totalement changé de méthode cette fois. Nous sommes allés dans un studio top niveau pour enregistrer la batterie, où Michiel a travaillé avec Yuma van Eekelen, qui fut un temps batteur de Pestilence. Ils sont tous deux des fous de batterie et ils voulaient obtenir quelque chose de magique pour l'album. Ensuite, ma maison a été transformée en studio, où j'ai enregistré toutes les guitares, la basse et le chant. Au final, ça a parfaitement fonctionné car je ne sais pas pourquoi, ma maison a une excellente acoustique, et surtout, ça nous a permis de travailler à notre rythme, sans nous mettre la pression d'un calendrier de studio à respecter, donc à ne pas être obligé d'enregistrer le matin alors que tu as encore le gueule dans le cul de la veille (Rires !). Une fois ceci réalisé, Dan Swanö a mixé l'album, puis nous sommes allés aux Wisseloord studios, en Hollande, pour le mastering. Certains albums de Rammstein, Within Tempatation ont été masterisés là-bas, donc nous savions que le résultat allait être excellent. Ils ont su ajouter ce qu'il fallait de dynamique et de lourdeur au son, que je trouve parfait.

God Dethroned a maintenant une discographie plus que conséquente. Est-il difficile d'établir la setlist des concerts, par exemple ? A ce propos, quels titres du nouveau disque devrait-on retrouver sur les prochains live ?
Oui, il est parfois difficile de choisir, parce que nous avons vraiment énormément de bonnes chansons en stock. D'un autre côté, ça nous permet de varier notre setlist souvent et c'est exactement ce que nous faisons de plus en plus. Nous ne voulons pas que les gens entendent toujours les mêmes chansons quand ils viennent nous voir en live. Maintenant, nous avons hâte de présenter de nouvelles chansons et je pense que nous allons commencer par "Annihilation Crusade", "The World's Ablaze", "On The Wrong Side Of The Wire" et "Escape Across The Ice", qui sont mes titres favoris du disque. Nous allons aussi sortir trois vidéos d'ici à la sortie de l'album, prévue le 5 Mai. Ces trois vidéos seront disponibles en Avril, nous venons juste de terminer de filmer la première.

Qu’attends-tu maintenant de la sortie de cet album ? Vous n'allez pas encore disparaître cinq ans, j'espère… ;-)
Non, tant que les fans seront au rendez-vous, nous serons là. Je pense que nous sortirons un autre album d'ici un an et demi, deux ans. Il n'est pas question de faire un nouveau break car nous sommes très satisfaits de nouveau disque, qui est un de nos tous meilleurs sans aucun doute ! J'espère que nos fans et aussi ceux qui ne nous connaissent pas encore vont l'apprécier.

Merci pour ces réponses, Henri, et encore bravo pour cette nouvelle tuerie qui tourne ici en boucle depuis que j'ai reçu le promo. Un dernier mot à ajouter pour les fans français ?
Merci beaucoup pour ton soutien renouvelé, Will, et sachez que nous serons bientôt de retour en France. Donc, venez nous voir en concert ou pourrissez en Enfer (Rires !). Cheers.

GOD DETHRONED – The World Ablaze
Metal Blade Records

Facebook : www.facebook.com/goddethronedofficial

Back to War !!! Le 7 Mai 2015, votre serviteur invitait God Dethroned à Mâcon pour une date exclusive, trop content de voir le groupe refaire surface, alors que les gars avaient annoncé leur split en 2012, après la sortie du fantastique Under The Sign Of The Iron Cross. Quel misérable gâchis, avait-on pensé à l'époque ! Heureusement, nous tenons aujourd'hui le troisième volet de la trilogie sur la Première Guerre Mondiale entamée avec Passiondale en 2009. Et que dire ? Cet album est une pure tuerie, et nous nous sommes donc empressés de contacter Henri Sattler pour en savoir un peu plus… Interview parue également dans le Metallian 100 de Mars 2017 (entière ici)
Entretien avec Henri Sattler (guitares, vocals)…. Par Will Of Death
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