Intw AD PATRES Janv. 2019

Comment vois-tu aujourd'hui votre premier album, Scorn Aesthetics, et comment juges-tu le chemin parcouru par Ad Patres depuis sa sortie ?
Bonjour. Depuis sa sortie, je l’ai très peu réécouté, mais c’est à chaque fois une agréable surprise car je le trouve brutal et solide. Depuis 2012, nous avons pas mal grandi en tant que groupe, nous étions presque tout jeunes ! Pas mal de concerts dont bon nombre à l’étranger et avec des gros noms, nous avons su nous tailler la part du lion et nous voyons avec la sortie de A Brief Introduction To Human Experiments que le public ne nous a pas oubliés, ça fait énormément plaisir.

A Brief Introduction To Human Experiments est votre deuxième album, et il nous aura finalement fallu attendre sept ans pour le voir sortir. Pourquoi un tel délai ?
La raison principale est que nous avons été très occupés par ailleurs, musicalement et personnellement. Nous bossons en priorité pour nos concerts et nous avons pris vraiment le temps de promouvoir Scorn Aesthetics avant de passer à la suite. Nous avons eu aussi un certain nombre de contretemps dans l’enregistrement et la production du nouvel album qui font qu’il y a deux ans et demi entre le début de l’enregistrement et sa sortie en février 2019. C’est quelque chose que nous allons améliorer pour la suite.

Quelles évolutions vois-tu entre ces deux albums, d'un point de vue musical ?
A Brief Introduction To Human Experiments est à la fois dans le prolongement de Scorn Aesthetics et va aussi plus loin dans notre démarche : c’est plus intense, un peu plus technique, les riffs catchy et bourrins le sont plus que sur Scorn. Nous avons désormais un second guitariste soliste, Pierre-Yves Marani, avec un style vraiment personnel et c’est une corde de plus à notre arc. Avec l’accueil reçu auprès du public, nous assumons plus notre style et on se permet donc d’y aller à fond (dans la gueule).

Le style de death metal que vous pratiquez ne souffre d'aucune approximation, que ce soit au niveau de l'exécution que du son. Or, le risque est toujours de sonner de manière trop "clinique", trop "propre" en studio ou sur disque. Pensez-vous avoir évité cet écueil sur ce nouveau disque ?
C’est certain ! Nous avons tous dans le groupe une sainte horreur du son à la mode et des productions identiques à 666 autres (sans parler des riffs). C’est Pierre-Yves, notre guitariste, qui a mixé et masterisé l’album dans son studio Ubik Mastering donc personne n’a pu nous imposer notre son. De plus, comme nous mettons l’accent sur la scène, nous avons voulu avoir une prod' fidèle à ce que nous sommes.

La pochette m'a interpellé. Souvent, les religions se sont opposées aux progrès des sciences, or, une des interprétations que l'on peut faire de votre pochette, c'est qu'au contraire, la religion serait une source de progrès... (ou au contraire de lavage de cerveau ?)... Tu peux développer ?
La pochette est basée sur le morceau d’ouverture “Mechanical Enlightenment” qui dresse un parallèle entre religion et médecine, notamment la psychanalyse. On peut voir les deux comme des doctrines orthodoxes au sens propre, c’est-à-dire qui t’inculquent la “bonne façon de penser” mais parfois avec des méthodes brutales si tu penses aux expérimentations sur les fous, aux électrochocs ou à l’Inquisition. Neraath a créé un visuel superbe avec ce prêtre et ce médecin côte à côte.

Quels sont les autres thèmes développés sur cet album, s'il y en a ?
Les textes portent principalement sur la psychologie. Pour donner quelques exemples, “Verses Void” et “Enclosing Terror” font référence l’un au besoin de se répéter des formules ou des aphorismes positifs comme la méthode Coué ou parfois une berceuse et l’autre à la pulsion qui consiste à cultiver un climat d’angoisse jusqu’à s’enfermer dans le cocon créé. “Led By Flesh”, “Spellbound” ou “Symbiosick” sont des textes plus positifs sur la transcendance de l’esprit par le corps, et “The Floating Point” ou “The Disappearance of I” sont plus personnels, intimes même, ce dernier en forme lipogramme.

Les groupes de brutal death metal technique sont aujourd'hui nombreux. Or, le reproche que l'on fait souvent, c'est qu'on n'arrive pas vraiment à différencier les titres entre eux sur la longueur d'un album. En quoi selon toi Ad Patres peut-il artistiquement se démarquer de la concurrence ?
À vrai dire, on ne se retrouve pas trop dans l'esthétique de certains groupes actuels. On n’a pas un son qui correspond à cette mouvance et notre mode de fonctionnement par rapport à la composition et l'enregistrement se veut plus "old school". Comme je le disais plus haut, on suit notre route et on s’est autorisé à déborder un peu du style du premier album, notamment sur un morceau comme “The Floating Point” qui s’aventure dans la dissonance et est beaucoup plus long (environ 6’40) que ce qu’on fait habituellement.

Quelles sont vos ambitions avec cet album, projets dans le futur ?
La première ambition est simplement de continuer, de pouvoir durer et jouer sur scène encore et toujours. Il y a encore beaucoup de pays et festivals dans lesquels nous voulons aller jouer, tout comme des petits patelins du coin où nous nous ferons un plaisir de tout défoncer. Nous sommes aussi toujours dans la quête du plaisir et il y a un paquet de nos idoles avec qui nous voulons partager l’affiche (coucou Suffocation !). À plus long terme, nous avons déjà les morceaux écrits pour la suite mais nous avançons un pas après l’autre.

Un dernier mot pour les lecteurs de Metallian et Noiseweb ?
Nous sommes extrêmement reconnaissants envers la presse, les programmateurs et tous les gens du public qui nous témoignent leur intérêt et leur soutien, même s’il a fallu être patient. Nous les saluons respectueusement et A Brief Introduction To Human Experiments va leur montrer que l’attente en valait la peine. Rendez-vous dans la fosse !

AD PATRES - A Brief Introduction To Human Experiments
Xenocorp Records

Facebook : www.facebook.com/adpatres

Excès de vitesse assumé... Ayant su se faire remarquer dès leur premier album, Scorn Aesthetics, les Bordelais reviennent avec un disque encore plus intense, A Brief Introduction To Human Experiments, qui devrait leur permettre de se tailler une place de choix sur la scène brutale. Il nous fallait donc poser quelques questions à Arnaud Pecoste, le fondateur du groupe. Interview parue également dans le Metallian 111 de Janvier 2019 (entière ici)
Entretien avec Arnaud Pecoste.... Par Will Of Death
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