UNDEAD PROPHECIES


Old school death metal at its best !




En 2015, un mystérieux groupe, Undead (rebaptisé depuis Undead Prophecies) sortait chez Listenable Records un fantastique album de death old school, False Prophecies, unanimement salué par la critique et les fans. Nous attendions donc avec une impatience non feinte le deuxième volet et nous pouvons l'affirmer haut et fort, ce Sempiternal Void est une énorme tuerie que nous vous recommandons ! Il fallait donc que nous questionnions une nouvelle fois les énigmatiques musiciens du projet...


Interview parue également dans le Metallian 112 de Mars 2019
(entière ici)


Entretien avec Necros, Zörk et King Oscuro... Par Will Of Death
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Hello les gars ! Première question assez classique... Avec le recul, comment jugez-vous aujourd'hui votre premier album ? Et vous attendiez-vous à tel retour de la part des fans et de la presse à l'époque ?
Necros : Quand nous avons produit False Prophecies, notre premier album, nous ne nous attendions pas du tout à ces retours très positifs de la part du public. Nous l'avons fait avec beaucoup de sincérité et cela s'est ressenti sur notre musique. C'est pour ça que le public a tout de suite accroché. Nous adorons le death metal qui renvoie aux débuts du style. A cette époque, le "riffing" était plus mélodique que ce qui est arrivé par la suite. De suite, on nous a rangés aux côtés de groupes comme Asphyx, Death, Pestilence, car comme pour ces formations, l'harmonie est au cœur de la musique de Undead Prophecies.
Sortir un album de death metal comme False Prophecies n'a pas été une chose facile à assumer. Parfois très proche des origines du style, s'adresser à un public de connaisseurs avec un hommage aussi marqué n'était pas évident. Et finalement, le public a vu en Undead Prophecies une musique avec un spectre plus large  que ce que l'on croyait et ces retours nous ont mis sur la voie de l'écriture de Sempiternal Void. Non pas que ça nous a donné un objectif à atteindre mais ça nous a juste permis de faire sauter certaines barrières que  l'on  s'impose pendant  le processus créatif.
False Prophecies devait être un "one shot" au départ. Mais lorsque nous avons réécouté l'album ensemble, il était évident qu'il allait y avoir une suite. Cet album a permis de poser les bases musicales de ce qu'est Undead Prophecies... Pour ma part, Sempiternal Void me fait vibrer.

Zörk : False Prophecies est un premier essai, et il est représentatif de ce que Undead Prophecies était à ce moment-là, c’est-à-dire honnête et solide. Nous savons qui nous sommes, ce que nous faisons et pourquoi nous le faisons. Nous œuvrons pour le death metal. Avec False Prophecies, nous voulions sortir de l’ombre, commencer à dénombrer qui était avec nous, et qui comprenait notre démarche.

King Oscuro : Le premier album est une carte de visite nécessaire pour installer un projet. Les retours ont été au-delà de nos espérances et franchement, les impressions des gens et des fans nous ont fait avancer.
 

Vos prestations scéniques ont été très rares à la suite du premier album, puisque si je ne m'abuse, vous n'avez joué que deux fois, en France d'ailleurs, au Hellfest et au Festival de Chair et d'Acier à Mâcon... Quels souvenirs gardez-vous de ces shows, et pourquoi une tournée ne s'est-elle pas faite ? Enfin, quels sont vos projets pour ce nouveau disque à ce niveau ?
Necros : En effet, le live fut très rare. Nous avons pu jouer en France grâce à notre label Listenable qui est lui même Français et bien implanté là-bas. Les shows étaient incroyables. Celui du Hellfest était le premier du groupe, le public a été conquis, c'était assez dément ! A Mâcon, le public a été scotché par le concert également. En salle, le groupe dégage un atmosphère macabre palpable, ce fut l'Enfer sur Terre (Rires !). Pour Sempiternal Void, nous comptons bien tourner pour diffuser l'album. Nous avons tous hâte de jouer les titres sur scène.

Zörk : Avant toute chose, nous n’avons pas tourné car nous n’avions pas le temps, mais aussi parce que nous avons choisi de ne pas faire entrer dans l’équation les moyens que nous aurions eus si nous avions été sans masques, et ainsi ne pas être sincères dans notre démarche. Nous rappelons que nous œuvrons pour le death metal. Les tournées sont assez souvent confisquées : certains, grâce à certains moyens (argent, réseau), se retrouvent sur des affiches alors qu'ils ne le méritent pas. Undead Prophecies n’a pas cette approche. C’est l’une des raisons pour laquelle nous préférons rester masqués. Nous ne voulons pas entrer sur certaines affiches juste parce que le bassiste est aussi guitariste dans un groupe nominé aux Grammy Awards, ou parce que le batteur joue également avec une formation Suédoise de premier plan, ou même parce que j’ai couché avec Harvey Weinstein !
Nos projets sont simples. Pour ce nouveau disque, nous allons ressortir la « poire du Pape » pour ceux qui ont travesti (ou aidé à défigurer) le death metal, puis légitimer le « supplice du pal » pour tous les poseurs dévorés par leur orgueil et leur ambition, en commençant par l'Europe, puis si nous avons le temps, faire la même chose sur le reste du globe.

King Oscuro : Les concerts vont être notre prochaine priorité, mais à notre manière.

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Venons-en à ce nouveau disque... Déjà, étant donné que vous êtes dissimulés, et qu'on ne sait rien de vous, le line up a-t-il évolué pour ce disque ?
Necros : Le line up a effectivement évolué. Angelus et Noctidiurnal voulaient se concentrer sur d'autres projets. Batscum et Zörk tiennent maintenant respectivement la basse et la guitare de manière permanente au sein de Undead Prophecies. Le jeu de basse de Batscum a permis de renforcer le dynamisme des titres et d'aller encore plus loin sur le soutien rythmique. Il fallait également un bon guitariste soliste et Zörk a apporté bien plus à Undead Prophecies. Il vous suffira d'écouter Sempiternal Void pour vous en rendre compte. L'atmosphère qui se dégage du disque est incroyable. C'est puissant, sombre, mélodique, énergique ! Tout y est, pour un vrai disque de death metal.


Lors de la première écoute, j'ai été interpelé par le son de la batterie, complètement organique, comparé aux trucs plus ou moins synthétiques qu'on peut entendre de nos jours... Puis au fil des écoutes, on se rend compte que c'est un choix payant, notamment sur les parties rapides. Sans parler de la basse, qui est plus présente. Quelle était votre ambition au niveau du son cette fois ? Comment avez-vous bossé ?
Zörk : Nous avons choisi de rester le plus brut et proche de notre son. Cela en évitant les artifices actuels ou les astuces qui font que tu redécouvres un groupe en live. Certains groupes sont dans la fantasmagorie sonore la plus totale, en jouant avec des bandes, et pensent que la scène est une salle de fitness avec des trampolines… Undead n’est pas dans cette démarche. L’enregistrement a été réalisé naturellement, sans astuces ni fourberie, en "one shot". La seule technique tolérée fut l’usage de l’informatique afin de réduire le temps d’enregistrement.

Necros : Merci pour ton retour sur ce  sujet ! Oui pour la batterie, c'est un choix complètement assumé. Notre musique fait référence à une époque qui avait ses limites technologiques. Nous aurions pu faire sonner la batterie de manière plus moderne mais à quoi bon vouloir suivre cette mode ? Nous avons préféré construire notre chemin avec nos origines "old school". Ça ne nous a pas empêchés de faire un album très puissant. Il suffit d'écouter le disque pour se rendre compte de l'énergie qui se dégage de Sempiternal Void. Nous considérons que tous les instruments ont leur place. C'est pour cela que la basse est bien plus présente sur Sempiternal Void. Bien souvent, la basse est fondue dans le mix et reléguée simplement au coussin de fréquences graves. Pour le son de Undead Prophecies, la basse est un élément rythmique fondamental.
Comme sur False Prophecies, nous voulions une production acoustique. La sensation d'authenticité est essentielle. Nous avons pris soin de restituer ce qui s'est passé pendant les sessions d'enregistrement. Nous voulions placer l'auditeur au cœur de la cabine de prises, sans artifices. Comme les arrangements sont nombreux, un album surproduit aurait été imbuvable. Un titre comme "The Souls I Haunt" a dépassé les deux cents pistes au mixage. Ça peut vous donner une idée du casse-tête qui a été le nôtre sur Sempiternal Void. Je dois d'ailleurs souligner le travail fantastique de Lars Bragten, qui a su donner un sens à notre musique.

King Oscuro : Je vais te dire un truc très simple que toute une génération ne comprend pas : une basse doit sonner comme une basse et pareil pour la batterie ! Nous avons le son produit par nos mains et nos instruments, pas par une astuce technologique !

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Autant le premier album m'avait quand même pas mal fait penser à Death, autant je retrouve un peu plus de Pestilence dans celui-ci, du point de vue des atmosphères, et même au niveau du son des guitares... Qu'en penses-tu ?
Necros : Tu as vu juste. Sempiternal Void dégage une atmosphère particulière. Cet album est puissant mais il y a une trame harmonique qui vous plonge dans l'univers sombre d'Undead Prophecies. C'est peut-être ce qui peut rappeler les premiers Pestilence en effet. Mais comme pour False Prophecies, c'est un album écrit avec les codes du death metal "old school", avec justement cette trame harmonique qu'on ne retrouve pas dans le death metal actuel. Pour l'enregistrement, nous avons utilisé le même dispositif pour la guitare mais la manière de jouer les riffs est différente, d'où un son plus singulier. Et bien sûr, la voix n'est pas sans rappeler le Pestilence des premiers albums.

Zörk : Pestilence est une référence death metal, et le son s’est imposé naturellement.

King Oscuro : Pestilence comme Death restent les piliers de notre style.


Il y a des super solos sur cet album, notamment celui du premier titre, "I Summon Demons", qui est juste un des meilleurs trucs que j'ai entendu depuis un moment... Mais çà et là, il y a aussi des parties de guitares harmonisées du plus bel effet. Peut-on dire que ce disque est un peu plus mélodique que le précédent ?
Zörk : Nous avons choisi de soigner les solos, donc de leur apporter un traitement singulier. Ta remarque indique que nous avons réussi et fait le bon choix. Et oui, effectivement, nous avions des propositions plus mélodiques, mais également plus entraînantes.

Necros : Nous avons passé beaucoup plus de temps sur l'écriture de Sempiternal Void que sur False Prophecies, et cela pour plusieurs raisons. Pour False Prophecies, j'avais composé tous les titres de l'album seul, car comme je le disais plus haut, ça devait être un "one shot". Les chansons étaient déjà abouties lorsque nous avons enregistré. C'était difficile de faire plus avec le temps que nous avions.
Pour Sempiternal Void, c'était évident qu'on allait y passer plus de temps. Il y a eu plusieurs niveaux d'écriture. Il y a eu les maquettes, que nous avons relues. Ensuite, nous avons réécrit les titres avec de nouvelles parties de batterie qui ont donné une nouvelle direction pour les parties de guitares et de basse. Seulement après, nous avons enregistré tous les instruments. Zörk est arrivé à ce moment-là et il a fait des propositions harmoniques incroyables qui ont "teinté" l'album d'une manière considérable
L'ossature rythmique est basée sur l'harmonie. Il y a parfois cinq arrangements de guitare en même temps. Ce n'est pas pour en mettre partout, c'est juste que l'écriture nécessitait cet apport de guitare. Prenons en exemple la fin de “Insidious Manipulations” : sur ce titre, il y a quatre guitares pour la rythmique et la mélodie et au moins huit guitares pour les arrangements. Encore une fois, ce n'était pas pour surproduire l'album, mais bien parce que tout cela avait un sens. Nous avons une approche de compositeurs classiques.
Pour les parties solos, Zörk a eu une approche très personnelle, je trouve. On pourrait s'attendre à des solos très techniques mais il a préféré renforcer la singularité d'Undead Prophecies en proposant des thèmes magnifiques.
Tout cela combiné peut donner le sentiment que Sempiternal Void est plus mélodique mais le socle est identique, c'est du pur death metal comme vous n'en avez peut-être jamais entendu !

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Nous avions eu droit en bonus à une reprise de Death sur le premier album, cette fois, le CD promo fait apparaître "Warhead" de Venom... D'autres titres bonus sont-ils sur la table ? 
Zörk : Venom est une des nombreuses influences qui nous a forgés, et ce morceau en particulier est anthologique.

Necros : Venom est un groupe important pour la musique extrême. Nous voulions rendre hommage à ce groupe mythique. En reprenant "Warhead", nous voulions nous approprier ce titre en faisant évoluer certaines parties.
Nous allons proposer à nos fans un bel objet pour la sortie de l'album, un coffret en édition limitée avec un EP bonus nommé Origins, contenant d'autres reprises de groupes qui ont participé à la naissance du death metal, comme Slayer et Hellhammer. Ils ont eu beaucoup d'influences sur des groupes comme Death, Obituary, Pestilence, etc. De la même manière que "Warhead", "Necrophiliac" de Slayer et "Massacra" de Hellhammer ont un nouveau visage. Nous sommes tellement satisfaits de ces reprises que nous aurions aimé qu'elles figurent toutes sur l'album afin d'être plus largement diffusées. Mais comme ce n'est pas possible, nous les proposons en EP sur l'édition limitée. C'est un cadeau pour nos fans.

King Oscuro : Venom comme d'autres restent et resteront à la base du phénomène death metal.


Franchement, vue la qualité de vos deux albums, ça ne vous démange pas de vous démasquer, qu'on sache enfin à qui nous avons affaire, et peut-être ainsi vous ouvrir quelques portes ?
Zörk : Comme indiqué avant, notre objectif est de faire revivre le véritable death metal, il n’y a aucune ambition personnelle ou d’enrichissement. Porter le costume nous permet de démasquer ceux qui ne sont pas là pour la musique mais pour le business, l’argent, l’orgueil, etc. L’anonymat nous affranchit. Il y a des groupes qui ont un certain succès parce qu’ils se composent de membres de groupes connus, ou d’autres qui sont présents car ils s’imposent financièrement alors que musicalement, ils ne proposent rien.

Necros : Le plus important reste la musique de Undead Prophecies. Personne n'a besoin d'en savoir plus pour apprécier la proposition artistique du groupe. Pour cet album, les portes s'ouvriront, nous en sommes convaincus. Sempiternal Void s'imposera de lui-même.

King Oscuro : C'est un peu notre réponse à ce monde de voyeurisme où l’on a toujours besoin de tout savoir sur tout le monde…. Ici, tu écoutes notre musique, nos gueules ne sont pas importantes.


Un dernier mot pour les lecteurs de Metallian et de Noiseweb ?
Zörk : Nous sommes Undead Prophecies et nous venons vous chercher !

Necros : Merci à toi pour cette interview et ta vision juste du groupe. Courez vous procurer Sempiternal Void à sa sortie, cet album est incroyable !

King Oscuro: Vos âmes sont si belles…


UNDEAD PROPHECIES - Sempiternal Void
Listenable Records


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