Intw FLESHGOD APOCALYPSE Mai 2019

Veleno est le cinquième album studio, et pour certains groupes, il n'est parfois pas évident de se renouveler. Où êtes-vous donc allés puiser vos nouvelles idées ?
Eh bien, nous ne forçons jamais les choses et nous ne nous limitons jamais en termes de créativité. Nous n'avons jamais eu peur d'explorer de nouveaux territoires, et ce, dans plusieurs genres. Ce processus d'ouverture d'esprit fait que notre musique reste "fraîche" et son évolution est quasi naturelle. De toute façon, tu essaies toujours d'inclure dans ton nouveau matériel le son et l'état d'esprit qui te représentent le mieux à un certain moment de ta vie...

Vous déclarez dans la description de cet album que Veleno est votre album le plus spontané... Cela veut-il dire que vous en aviez marre de discuter de toutes les notes ? Que vous cherchiez à composer des parties plus entrainantes ?
Pas vraiment. Ce dont tu parles concerne plus les arrangements, qui sont aussi détaillés que par le passé. Quand j'ai parlé de spontanéité, j'ai plus fait référence à la manière dont nous avons écrit et collecté les idées. Si jamais certaines parties semblent un peu moins complexes, c'est juste la conséquence de cette nouvelle manière de travailler. La grande différence est que pour Veleno, nous n'avons fait aucune pause entre les tournées et la composition. La collecte des idées s'est étalée sur environ trois ans, et c'est juste avant d'entrer en studio que nous avons stoppé toute autre activité afin de nous concentrer sur les arrangements finaux. C'est pour ça que j'ai dit que c'était plus spontané : chaque idée, chaque riff, chaque partie a été créée à un niveau d'inspiration maximum, sans forcer quoique ce soit pour savoir où devait s'arrêter les chansons, si tu veux... Ca a été très "sauvage" et chaotique et c'est ce qui donne une extraordinaire vérité à l'album, quelque chose que nous cherchions à atteindre depuis longtemps.

Tous les groupes déclarent que leur dernier album est "le meilleur à ce jour", or ce n'est pas toujours le cas, et c'est plus un effet d'annonce qu'autre chose... Bref, que pensez-vous de Veleno par rapport à vos précédentes sorties ?
Je ne dirais pas que Veleno est meilleur ou pire que ses prédécesseurs. Je dirais qu'il est une nouvelle fois différent, et définitivement le plus mature à ce jour. Évidemment, notre croissance en tant qu’artistes et musiciens nous a donné plus d’expérience et de compétences pour gérer la complexité du type de musique que nous jouons et le son en général. À mon avis, cela se reflète clairement dans l’album, et je suis assez sûr que c’est quelque chose qui amène notre musique à un niveau supérieur.

Cristiano Trionfera et Tommaso Riccardi ont quitté le groupe, te forçant à reprendre la guitare et le chant. J'imagine que ça n'a pas dû être une période très facile... Qu'est-ce qui s'est passé et comment s'est passée cette transition ?
Eh bien, ce fut probablement le plus bas moment de notre carrière. Du moins, de l’intérieur, nous nous sommes sentis vraiment perdus et frustrés par ce qui se passait. Fondamentalement, Cristiano et Tommy, en très peu de temps, ont décidé de changer de vie et d’arrêter de tourner, ce qui mène automatiquement à l’exclusion d’un groupe comme le nôtre, puisque la stabilité du line up et l’étroite connexion avec les fans sont deux aspects cruciaux qui ne peuvent être compromis en aucune façon.
Cela dit, je peux aussi affirmer que cette "révolution" a été la chose la plus positive qui soit arrivée au groupe depuis un moment. D’abord, parce qu’elle nous a donné l’occasion de restructurer le groupe comme il était censé l’être, avec moi comme véritable leader visible sur scène. C'est un poste que j'occupe depuis toujours, mais en tant que batteur, ça se voyait moins. Ensuite, parce qu’avec l’introduction de Fabio et David, nous avons littéralement injecté du sang neuf au groupe. Nous avions vraiment besoin de partenaires dévoués et surtout motivés dans cette entreprise. C’est quelque chose que vous ne pouvez faire que si vous êtes complètement concentré, il n’y a pas de place pour les indécisions de crise de mi-vie, vous devez être sûr de ce que vous voulez vraiment faire. La bonne chose est qu’il n’y a pas de rancune avec nos anciens membres, ils ont juste pris du recul quand ils ont estimé que leur contribution n’était plus possible à 100%, nous donnant la chance d’avoir une transition très douce et contrôlée. Maintenant, après presque deux ans et plus de cent cinquante concerts avec ces gars, Je peux te dire que c'est une toute autre histoire et le groupe n'a jamais été aussi solide et consistant.

Les parties metal et les parties orchestrales ont été enregistrées dans deux studios différents... Pourquoi ce choix ?
Nous voulions juste choisir le meilleur studio et ingénieur pour chaque enregistrement. Nous avons utilisé un studio de fou à Rome pour les parties metal, le Bloom Recording studio, avec Marco Mastrobuono. Nous sommes amis de longue date et il sait parfaitement comment bosser avec nous et comprend notre musique extrêmement "multi-couches". Pour ce qui concerne les parties orchestrales, puisque la quantité de travail était beaucoup plus importante que ce que nous avions en tête, avec beaucoup d’instruments acoustiques sur cet album, nous avons décidé de bosser avec un spécialiste du genre, en la personne de Daniele Marinelli. Nous avons enregistré les cordes, les chœur, les percussions et quelques autres instruments dans son studio, le Musica Teclas studio, à Pérouse.

Franchement, plus j'écoute vos albums, plus je me dis que je vous verrais bien jouer un jour avec un orchestre complet...
Je pense que ça va bientôt arriver. En fait, nous avons déjà commencé à expérimenter dans cette direction sur un spectacle spécial que nous avons joué à Pérouse l’année dernière. Nous avons également filmé ce concert et il sortira avec le nouvel album sous forme de blu-ray. Nous nous rapprochons de plus en plus de ce moment. Nous devons juste trouver le bon moment et les conditions optimales pour y arriver.

"Veleno" veut dire venin en Italien... Pourquoi avoir choisi ce titre pour le nom de l'album précisément alors qu'il sonne plus comme un outro au piano qu'autre chose ? Et de quoi parlent vos textes sur ce disque en général ?
"Veleno" était le mot parfait pour réunir toutes les paroles en un seul concept. Il a de nombreuses significations métaphoriques et non métaphoriques et cet élément "empoisonnant" était fort dans toutes les chansons. En écrivant les paroles et en débattant de toutes sortes de relations entre l’Homme et la Nature, destinée à la fois comme environnement naturel et comme "nature humaine", nous avons commencé à remarquer que ce processus autodestructeur était toujours là. Que ce soit la façon dont les hommes traitent ce qui les entoure, comme l’exploitation imprudente des ressources naturelles, que ce soit une chose plus personnelle comme faire face aux fragilités intérieures et abuser des "analgésiques modernes" comme les drogues, les religions, philosophies hypocrites, l’homme est toujours le seul et unique responsable de cet auto-sabotage constant qui est la conséquence des craintes et du manque de clairvoyance. Pour ce qui est du piano, nous l’avons toujours fait. C’est une sorte de marque de fabrique et de porte-bonheur, alors nous l’avons fait cette fois-ci aussi.

Vous avez encore changé de personne pour le mix et le mastering, en allant chez Jacob Hansen. Pourquoi ce choix ?
Le choix du producteur de l’album est essentiel à chaque fois. L’expérience nous a aidés à comprendre combien il est crucial d’obtenir le résultat que vous voulez. Pour chaque type de musique spécifique, vous avez besoin d’un producteur spécifique et, considérant que notre album est très différent dans l’écriture des chansons, nous avions besoin d’aller de l’avant et de trouver la bonne personne pour Veleno. Jacob est l’un des meilleurs et des plus renommés producteurs de metal de nos jours, et il a une approche de la musique qui nous paraissait parfaite pour les nouvelles chansons. Nous sommes plus que satisfaits de la production de Veleno, probablement la meilleure que nous n'ayons jamais eue. Voyons où notre créativité nous mènera… Ce serait cool de retravailler avec lui, car c’est un gars adorable et on a passé un bon moment avec lui.

En gros, ça fait dix ans que Fleshgod Apocalypse a sorti son premier album. Bref, ça fait une moyenne de deux ans par album, sans parler du temps passé à tourner. Vue la complexité de votre musique, ce rythme semble un peu effréné, non ? Comment gardez-vous la flamme et l'inspiration ?
C’est plus qu’agité parfois (Rires !). Mais être occupé fait partie de notre travail. Quant à l’inspiration musicale, je dirais que la curiosité sans fin et une ouverture d’esprit complète jouent un rôle majeur. Nous aimons explorer, écouter autant que possible différents types de musique, creuser dans différents genres et absorber de nouvelles informations. Nous l’avons fait avec la musique symphonique et le metal dans le passé, nous le faisons avec beaucoup d’autres styles de nos jours. Si vous vivez la musique comme un voyage, alors vous ne voudrez jamais arrêter de voyager et explorer de nouveaux rivages.

Votre pochette réalisée par Travis Smith est assez éloignée des standards du metal extrême et me fait plus penser à l'esthétique de ces films d'animation réalisés par d'obscurs auteurs. Quelle était votre idée avec ce visuel "particulier" ?
Nous voulions quelque chose de bizarre et de classe en même temps, qui pourrait représenter le fardeau que les hommes doivent porter dans leur vie… qui est le concept global de l’album en fin de compte. Nous voulions aussi avancer graphiquement. L’idée était d’avoir un style un peu plus contemporain avec une figure principale dépeignant l’essence de l’album, tout en ayant en même temps d’autres images plus étroitement liées aux différentes chansons, afin de créer un symbolisme à plusieurs facettes dans la couverture elle-même. C’est une œuvre d’art très complexe si vous voulez creuser plus profondément dans les significations, mais aussi très efficace et impressionnante à première vue. Travis Smith est un putain de génie, c’est tout.

Plein de fois, je me suis fait le même reproche, en allant voir des groupes techniques et brutaux comme le vôtre en concert : le son souvent trop fort ou mal mixé gâche une bonne partie de l'écoute... Comment faites-vous pour éviter cet écueil ?
Par le passé, où nos ressources étaient très limitées, nous avons aussi souffert de cette situation. Comme toi, plusieurs fois, je me suis fait la même remarque en allant voir des groupes techniques et brutaux comme le nôtre en concert : le son était souvent trop fort ou mal mixé, et ça gâtait une bonne partie de l’écoute... Maintenant, nous pouvons investir davantage dans notre son live et nous essayons toujours de travailler avec les meilleurs ingénieurs du genre. Nous sommes très chanceux de collaborer dorénavant avec Jo Peeters, qui est un technicien-son très talentueux et expérimenté, et malgré les difficultés que l'on peut rencontrer sur la route, il trouve toujours le moyen de nous faire un super son.

Quels sont vos plans pour le futur ? Nous vous revoyons quand en France ?
Bientôt ! En ce moment, je suis en Amérique du Sud où nous faisons la promotion du nouveau matériel, mais nous attendons que l’album sorte pour commencer une véritable tournée mondiale. Nous avons également quelques festivals en été. Disons que nous allons commencer une nouvelle tournée complète à l’automne et elle couvrira tous les continents dont l’Europe. La France sera probablement concernée avant la fin de l’année. Il est hors de question de négliger la France car la base de fans français est l’une des plus importantes que nous avons et la plus dévouée ; nous aimons y jouer.

Merci pour tes réponses. Un dernier mot pour vos fans Français ?
Permets-moi de remercier tous les fans français qui nous ont soutenus pendant ces dernières années, cela signifiait beaucoup pour nous et nous sommes vraiment impatients d’être de retour et de leur redonner l’énergie que nous avons reçue, surtout dans les moments les plus difficiles, quand tout semblait si sombre et lourd pour nous. Nous ferons de notre mieux pour ne jamais vous décevoir en tant qu’artistes.
Merci également à toi pour cette interview et pour l’aide que Metallian nous apporte, c’est très apprécié. J’espère vous voir sur la route très bientôt. Merci.

FLESHGOD APOCALYPSE - Veleno
Nuclear Blast Records

Facebook : www.facebook.com/fleshgodapocalypse

Inject my venom ! Quand on parle de metal extrême symphonique, on pense immédiatement à Dimmu Borgir ou Cradle Of Filth, mais quand on évoque le brtal death symphonique, le premier groupe qui nous vienne à l'esprit est Fleshgod Apocalypse. En effet, le groupe Italien est passé maître dans l'art de proposer des albums incroyables, et Veleno, le dernier en date, ne déroge pas à la règle. Nous avons donc contacté le leader du groupe, Francesco Paoli, pour recueillir ses impressions. Interview parue également dans le Metallian 113 de Mai 2019 (entière ici)
Entretien avec Francesco Paoli... Par Will Of Death
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